Résumé de la 2e partie n Ce vieux couple se remémore tout son passé... Oui, tous grands et tous de braves gens que tout le monde aime. — Et leurs enfants, à leur tour, ont eu des petits ! dit le vieil homme, de solides gaillards aussi ! Il me semble que c'est bien à cette époque-ci de l'année que nous nous sommes mariés ? — Oui, c'est justement aujourd'hui, le jour de vos noces d'or, dit la fée du Sureau en passant sa tête entre eux deux. Ils crurent que c'était la voisine qui les saluait : ils se regardaient, se tenant par la main. Peu après, arrivèrent les enfants et petits-enfants ; ils savaient, eux, qu'on fêtait les noces d'or, ils avaient déjà le matin apporté leurs vœux. Les vieux avaient oublié cet anniversaire, alors qu'ils se rappelaient si bien ce qui s'était passé de longues années auparavant. Le sureau embaumait, le soleil couchant illuminait les visages des vieux et les rendait tout rubiconds, le plus jeune des petits enfants dansait tout autour et criait, tout heureux que ce fût jour de fête, qu'on allait manger des pommes de terre chaudes. La fée du sureau souriait dans l'arbre et criait «Bravo» avec les autres. — Mais ce n'est pas du tout un conte, dit le petit garçon qui écoutait. — Tu dois t'y connaître, dit celui qui racontait. Demandons un peu à notre fée. Ce n'était pas un conte, dit-elle, mais il va venir maintenant. De la réalité naît le plus merveilleux des contes, sans quoi mon délicieux buisson n'aurait pas jailli de la théière. Elle prit le petit garçon dans ses bras contre sa poitrine. La verdure et les fleurs les enveloppant formaient autour d'eux une tonnelle qui s'envola avec eux à travers l'espace. Voyage délicieux. La fée était devenue subitement une petite fille, en robe verte et blanche avec une grande fleur de sureau sur la poitrine, et sur ses blonds cheveux bouclés, une couronne. Ses yeux étaient si grands, si bleus ! Quel plaisir de la regarder ! Les deux enfants s'embrassèrent, ils avaient le même âge et les mêmes goûts. La main dans la main, ils sortirent de la tonnelle et les voici dans leur jardin fleuri. Sur le frais gazon de la pelouse, la canne du père était restée ; simple bois sec, elle était vivante pour les petits. Sitôt qu'ils l'enfourchèrent, le pommeau poli se transforma en une belle tête hennissante, la noire crinière voltigeait. Quatre pattes à la fois fines et fortes lui poussèrent, l'animal était robuste et fougueux. Au galop, ils tournaient autour de la pelouse. Hue ! Hue ! Nous voilà partis, dit le petit garçon, à des lieues de chez nous, nous allons jusqu'au château où nous étions l'an passé. Et ils tournaient et tournaient autour de la pelouse, la petite fille, qui n'était autre que la fée, s'écriait : — Nous voici dans la campagne, vois-tu la maison du paysan avec le grand four qui a l'air d'un immense œuf sur le mur du côté de la route, le sureau étend ses branches au-dessus et le coq gratte la terre pour les poules et se rengorge ! A suivre Andersen