Scène n ‘Tartuffe', dernière production du Théâtre régional de Constantine (TRC), a été présentée, hier, en In, sur les planches du Théâtre national. Ainsi, les amateurs du 4e art ont été invités à découvrir – ou à redécouvrir – cette pièce de Molière, un classique puisé dans le répertoire universel. Traduite par Saïd Boulmarqa, la pièce, mise en scène par Mohamed Tayeb Dehimi, est une comédie qui reste d'actualité, dans la mesure où elle fait d'une manière pertinente, et dans des tournures fines et intelligentes, la peinture des mœurs. La pièce raconte l'histoire de Tartuffe qui, malveillant et sournois, parvient, aussi bien par son attitude trompeuse que par ses paroles fourbes, à manipuler les gens. Tartuffe se présente alors comme un malin séducteur et un vulgaire aventurier, donc hypocrite et faux dévot. Par sa duplicité et sa fausseté, il réussit à devenir maître de conscience de ceux ou celles qui tombent sous sa coupe. Le dénouement de la pièce est heureux. Car Tartuffe est vite démasqué. Et sa supercherie est mise à nu. La pièce met alors en évidence la victoire de l'œuvre intelligente sur la stupidité humaine, l'hypocrisie, l'imposture et la fourberie. Cela revient d'emblée à dire que le thème principal abordé dans cette pièce est l'hypocrisie : la pièce dépeint l'attitude vicieuse et corrompu d'individu motivé par un tel comportement. Elle démontre qu'«un hypocrite est une personne dont les actes ne correspondent pas à la pensée», et que Tartuffe est «un personnage qui ne révèle pas ses sentiments». Mais au fil du jeu, l'on peut déceler le véritable personnage de Tartuffe au travers de son rapport aux autres. Ainsi la double face du personnage est présentée et quand Tartuffe paraît, le spectateur connaît déjà la duplicité de ce faux dévot et se demande seulement comment «les honnêtes gens» vont réussir à mettre au jour sa supercherie. Plusieurs comédiens et comédiennes ont joué dans cette pièce qui s'est admirablement distinguée par un jeu subtil, juste, soutenu et également aéré et visible, dans la mesure où l'interprétation scénique s'est révélée accrocheuse et attractive. La pièce est jouée en arabe dialectal avec une forme travaillée, en ce sens que le traducteur, Saïd Boulmarqa, a tenu à garder la morphologie initiale : le dialogue est en vers, le jeu, instantané, souple et direct, est harmonieux et mélodique. Il se déroule au rythme de la rime qui, elle, confère à la pièce un accent mesuré, élaboré et élégant ainsi qu'une certaine musicalité et un phrasé poétique. Le jeu s'est déroulé, par ailleurs, dans un décor conventionnel et figuratif ; la scénographie, signée Halim Rahmouni et qui présente l'intérieur d'une maison, réunit les protagonistes dans une même spatialité. Elle organise le jeu, le nomme et le rend perceptible et vivant. Le volume et le relief par lesquels se distingue et se définit la scénographie, rendent alors la mise en scène constante, assurée, c'est-à-dire le jeu s'est révélé aussi franc et crédible ; une interprétation convaincante et saisissante.