On approche du ghdir – la cuvette d'eau naturelle – et comme la soif se fait de plus en plus intense, les hommes sont impatients de l'atteindre. Dès que Sidi Aïssa leur montre le point d'eau, ils s'y précipitent. «De l'eau !» C'est bien le ghdir, mais il n'y a pas d'eau. Il n'y a qu'une boue – trace évidente de présence d'eau – piétinée par les bêtes et salie par leurs déjections. On va vers le cheikh. — Sidi, il n'y a pas d'eau ! Le saint fronce les sourcils. — C'est bien un ghdir, dit le saint homme, il porte bien son nom de ghadar, trompeur ! on s'interroge : — Qu'allons-nous faire ? On pouvait, en changeant de direction, trouver de l'eau mais cela retarderait le retour. Or, Sidi Aïssa a prévu de rentrer tel jour : il sait que tous ceux qui le vénèrent vont venir en grand nombre pour l'accueillir... — Nous allons poursuivre notre route, dit-il, les réserves que nous avons, nous suffiront, s'il plaît à Dieu. Un homme dit : — Et si nous épuisons nos réserves ? Sidi Aïssa se retourne vers celui qui a posé la question. — Nous comptons sur le Tout-Puissant pour qu'il les reconstitue ! Ne vous ai-je pas toujours dit qu'en toute chose il faut se confier à Dieu. Il est le maître de nos vies et de nos destinées, il saura nous secourir et nous combler de ses bienfaits ! Et la troupe se remet en marche.