Quelque temps après, Sidi Aïssa rend visite à un autre saint, Sidi Cheikh. Il est allé, avec des disciples, offrir des présents au vénérable personnage. Après un séjour profitable, il retourne dans son pays. Comme cela se passe en été, il fait très chaud et les hommes comme les bêtes sont assoiffés. On a pris soin de prendre des outres, mais l'eau est sur le point de s'épuiser. Comme le voyage est encore long, il est nécessaire de trouver un point d'eau, non seulement pour boire mais aussi pour reconstituer les réserves. Sidi Aïssa, qui connaît bien la région semi-désertique que l'on traverse, exhorte ses hommes à la patience. — Nous allons bientôt trouver un ghdir et vous pourrez boire à satiété ! Le ghdir qui est une cuvette naturelle dans le désert et les zones semi-désertiques, est alimenté par les eaux de pluies et les orages. Le mot provient du verbe ghdar qui signifie «tromper», les ghdir étant des «trompeurs». Les voyageurs qui comptent beaucoup sur ces points d'eau, sont, en effet, souvent déçus de ne pas trouver le précieux liquide qui, soit a été bu par des troupeaux, soit s'est évaporé au soleil. Le ghdir auquel pense Sidi Aïssa est le ghdir de Dhayet arrdjem. Il contient, en principe, de l'eau en permanence. Sidi Aïssa compte beaucoup sur cet endroit, car, ensuite, il n'y aura plus de point d'eau pour le reste du voyage.