La troupe marche longtemps sous un soleil implacable. Les hommes ont fini par boire l'eau qui restait dans leurs outres. Il n'y avait plus une goutte. Et la route est encore longue avant d'arriver à destination. Et on continue à marcher, à aller de l'avant, vers le point, au pied de la montagne où Sidi Aïssa a décidé de camper pour la nuit. Les hommes peinent sur leurs chevaux qui, eux aussi, commencent à ressentir fortement la soif. Les cavaliers les poussent pour les faire avancer et cet effort les fatigue davantage. Ils savent que le moment viendra où les chevaux s'arrêteront, complètement épuisés. Sidi Aïssa, juché sur son cheval, avance également, serré dans son burnous, la tête à demi-baissée. Il médite, comme à son habitude, s'extrayant au reste du monde... Et les hommes, qui savent qu'il ne faut pas le déranger, marchent, à distance... Bientôt, une sebkha s'offre à leurs yeux. C'est un immense lac qui scintille sous les rayons de soleil, mais c'est une eau salée, donc impropre à la consommation : les hommes le savent bien, aussi ne s'y précipitent-ils pas. Les chevaux se cabrent à la vue de l'eau et il faut les retenir pour qu'ils ne s'y jettent pas. Les hommes restent un long moment à regarder cette eau qui, sous l'effet du sel, prend une belle couleur blanche.