Il fallait attendre 80 ans pour voir l'Afrique organiser la phase finale de la Coupe du monde, car il était temps de rendre à ce continent un peu de ce qu'il a donné au football, pour reprendre l'argumentaire de Josep Sepp Blatter, le président de la FIFA, qui a longtemps milité pour le principe de la rotation entre les continents, voté le 3 août 2000, sortant du duel Europe – Amériques. En effet, l'Europe avait accueilli dix étapes, les Amériques sept et l'Asie une seule, c'était en 2002 au Japon et en Corée du Sud. Portée par une universalité en perpétuité, le foot, qui rassemble 208 nations affiliées à la FIFA (soit plus que l'ONU) et ayant drainé 200 nations pour disputer les éliminatoires de la Coupe du monde-2010, ne pouvait plus se détourner du continent berceau de l'humanité. Et qui en dehors de l'Afrique du Sud, pays de tous les symboles, de la richesse multiraciale et naturelle, avec or et diamant, possédant l'une des places boursières les plus importantes au monde, dotée de belles et grandes villes, de nouvelles infrastructures (stades, aéroports, moyens de communication…) pouvait abriter un tel événement planétaire. L'Afrique du Sud, ce pays qui a de l'avance sur ses autres homologues du continent puisque sitôt revenu dans le giron de la FIFA en 1992, est passé à la vitesse supérieure en organisant la CAN-1996 tout en annonçant son désir d'organiser la Coupe du monde. Le 23 février 1998, l'Afrique du Sud en fait l'annonce officielle pour abriter l'édition de 2006, mais elle est battue d'une seule voix (12 contre 11) par l'Allemagne, le 6 juillet 2000. Mais rien n'arrête la marche de la nation Arc-en-ciel qui revient à la charge en décembre 2002 avant de donner, une année après, les garanties exigées par la FIFA. Reste le suffrage final : le 15 mai 2004, ce sera la délivrance puisque l'Afsud bat le Maroc quatorze voix à dix et obtient ainsi le droit d'organiser le Mondial-2010 qui débutera dans deux jours, consacrant la longue lutte du continent qui, pour la première fois, aura droit à six représentants. C'est aussi la grande victoire d'un homme, Blatter qui, il y a dix-sept ans, lorsqu'il s'est présenté à la candidature de la FIFA face au Suédois Lennart Johansson, le patron de l'UEFA, avait fait la promesse aux Africains de leur offrir «leur» Coupe du monde. Et c'est grâce à ces mêmes Africains, dont le nombre de fédérations dépasse la cinquantaine, que le Suisse a fait la différence en basculant le suffrage en sa faveur. Le football est donc chez lui et le monde s'invite dans un continent qui a déjà gagné son pari, entrant dans l'histoire des peuples et des hommes.