Curiosité La jeune Belge se sent intriguée et attirée par le grand brun portant une gandoura blanche. Françoise renifle l?air, la tête levée ; elle ressent comme un malaise qui la saisit, et elle s?appuie au bras de Georges, son mari. «L?encens est très utilisé ici, dit le guide qui marche aux côtés du couple. On s?en sert pour éloigner le mauvais ?il ou pour envoûter... ? Envoûter ? dit Georges. Vous y croyez, vous ? ?C?est une pratique assez courante, ici, et tous y croient dans la région...» Tout en marchant, les touristes admirent la cité mystérieuse sous le clair de lune, longeant les goulots étroits entre les habitations serrées en pisé foncé. Devant les portes des maisons basses, ils croisent, de temps à autre, des hommes en gandoura blanche, assis en petits groupes, cessant brusquement leurs discussions pour les regarder passer. Certains Belges lancent un vague bonsoir auquel répondent les autochtones par un signe amical de la main. Françoise reste silencieuse durant tout le trajet de retour à l?hôtel, l?esprit profondément troublé par l?homme de la grotte. «C?est comme s?il me voulait quelque chose, songe-t-elle, il y a en lui une force mystérieuse qui semble dirigée vers moi? Que me veut-il ? Et pourquoi me regarde-t-il ainsi ? Je suis une étrangère pour lui...» Quand le couple entre dans sa chambre il est frappé par l?odeur d?encens qui emplit l?atmosphère, encore plus âcre que celle de la kheïma. Georges, le premier, réagit : «Mais qu?est-ce qui leur prend de faire brûler ça dans les chambres ? J?en parlerai demain au responsable.» Silencieuse, sans même faire sa toilette, Françoise se jette sur son lit comme épuisée, sans forces. «Françoise, qu?as-tu donc ? Attends, je vais ouvrir la fenêtre.» (à suivre...)