Bachelot : «L'équipe est un champ de ruines» l La ministre française des Sports, Roselyne Bachelot a affirmé, hier, mardi, sur TF1 que «les responsables de ce désastre devront rendre des comptes», après la crise qui a secoué l'équipe de France, éliminée du Mondial-2010. «L'équipe de France est un champ de ruines, physique, technique et moral, la défaite de ce soir (2-1 contre l'Afrique du Sud) était la chronique d'un désastre annoncé (...), maintenant il faut tout reconstruire», a dit Mme Bachelot depuis Bloemfontein, où elle a assisté à la rencontre. «Il faut que tous les acteurs de ce désastre, les joueurs, les responsables de la Fédération, prennent leurs responsabilités. Les acteurs de ce désastre devront rendre des comptes», a-t-elle poursuivi. La France a été éliminée du Mondial au premier tour après un match nul et deux défaites. Son séjour en Afrique du Sud a été marqué par une crise sans précédent : Nicolas Anelka a été exclu du groupe après avoir insulté son sélectionneur Raymond Domenech, puis les joueurs ont boycotté un entraînement dimanche pour protester contre le renvoi d'Anelka. Domenech refuse de saluer Parreira l Raymond Domenech, le sélectionneur de l'équipe de France, a quitté ses fonctions et le Mondial-2010 sur un mauvais geste : il a refusé de serrer la main de l'entraîneur brésilien de l'Afrique du Sud, Carlos Alberto Parreira, à l'issue de leur match hier. A l'origine de sa bouderie : des commentaires qu'aurait fait Parreira sur le fait que les Français ne méritaient pas leur qualification au Mondial, entachée par la fameuse main de Thierry Henry en barrage contre l'Eire. Mais le Brésilien a assuré ne pas se souvenir avoir tenu un tel propos. Au coup de sifflet final, le Brésilien est allé vers le banc français — les deux équipes étaient éliminées après la victoire 2-1 des Sud-Africains — et a tendu la main, mais Domenech l'a refusée, se lançant dans une explication inaudible à la télévision. Son visage était marqué, ses sourcils sévères, et Parreira le tenait par l'épaule, visiblement conciliant. L'entraîneur français a refusé d'expliquer son geste en conférence de presse d'après-match, malgré l'insistance des journalistes, revenus plusieurs fois à la charge. Il a fallu attendre l'arrivée de Parreira en salle de conférence pour avoir le fin mot de l'histoire. Tout sourire, il a expliqué : «Il m'a dit "vous avez dit du mal de mon équipe après sa qualification", mais je ne m'en souviens pas !». Evra : «On renoncera aux primes» l Le capitaine pour les deux premiers matches, le défenseur Patrice Evra, écarté pour le dernier match des Bleus au Mondial contre l'Afrique du Sud (1-2), a déclaré hier que les joueurs étaient prêts à renoncer aux primes issues des revenus marketing générées par l'équipe de France. Le capitaine, déchu de son brassard pour cette dernière rencontre, a promis qu'il donnerait des explications plus approfondies du «désastre» qu'ont connu les Bleus lors d'une conférence de presse qu'il tiendra «dans la semaine». «Ce (mardi) soir, je suis sorti de l'équipe sans raison valable. Ce sont des moments difficiles. On renoncera à toutes les primes, on n'acceptera pas un seul centime des sponsors et de tout ce qui va avec", a-t-il dit. Il a estimé que c'était difficile de pardonner à une équipe qui ne parvient pas à se qualifier pour les huitièmes de finale. «Mais il y a une cause à cet échec. Il y a eu plusieurs choses. Et en sachant la vérité, certaines personnes pardonneront à l'équipe de France», a-t-il ajouté. La presse française se rue à la curée l Après avoir sonné pendant plusieurs jours l'hallali, la presse française se rue ce mercredi à la curée après l'humiliante élimination des Bleus du Mondial de football. Le journal L'Equipe exige que «le gouvernement aille (...) au bout de sa démarche pour qu'enfin la FFF (Fédération française de football) ne soit plus aux mains de pantins». Libération écrit : «Vae Victis. Malheur au vaincu». «Après tout, cette équipe qui vient d'échouer lamentablement avait commencé sur une tricherie», note le quotidien généraliste, qui titre avec une certaine ironie : «Et encore bravo !». La presse écrite régionale n'est pas en reste, La Nouvelle République du Centre-ouest en tête : la Presse de la Manche fustige également «les dirigeants en place, le sélectionneur et la bande de zozos tristes qui ont déshonoré le maillot de notre pays laissant un champ de ruines». «A défaut de belles prestations sur le terrain, les joueurs français ont quand même réalisé une belle prouesse : devenir la risée du monde entier», reconnaît Le Journal de la Haute-Marne. Un échec que La Charente Libre attribue également à Raymond Domenech et au président de la FFF: «Le sélectionneur est bien sûr le premier responsable de ce fiasco» mais «Escalettes et consorts ont ajouté la suffisance à la lâcheté». Abidal : «Les quatre vérités vont être dites» l Eric Abidal annonce que «les quatre vérités vont être dites» sur le comportement des joueurs de l'équipe de France, dans un long entretien daté de Bloemfontein (Afrique du Sud) publié ce matin par le quotidien sportif L'Equipe. Revenant sur le refus de s'entraîner des Bleus dimanche, le défenseur de l'équipe de France reconnaît que «ce week-end on n'a pas fait les bons choix. On aurait pu réagir différemment après l'exclusion de Nico (Anelka). Le groupe était mécontent et l'a montré». Abidal révèle également qu'alors que l'équipe était dans le bus en attendant que son communiqué soit lu à la presse, «le capitaine Patrice Evra a dit que si certains voulaient descendre du bus, il n'était pas trop tard. Tout le monde pouvait descendre. Personne n'est descendu, donc tout le monde était favorable». «Ce sera une page difficile à tourner», reconnaît encore Abidal, avant de s'excuser auprès des supporteurs et des Français. «On n'a pas réussi à réaliser le parcours que tout le monde souhaitait. On peut avoir honte». Anelka «a accepté» son exclusion l Jean-Louis Valentin, qui a démissionné dimanche de son poste de directeur délégué de la Fédération (FFF) auprès de l'équipe de France à la suite de la grève des joueurs, a indiqué hier sur TF1 que Nicolas Anelka avait «accepté» son exclusion à la suite des insultes proférées à Raymond Domenech. «Quand la sanction est tombée (dimanche) en fin d'après-midi (...) Nicolas Anelka l'a acceptée», a déclaré Jean-Louis Valentin. M. Valentin a détaillé le processus qui a conduit à l'exclusion de l'attaquant de l'équipe de France : «D'abord il y a eu deux (réunions), ce qui veut dire que la décision n'a pas été prise de manière hâtive et arbitraire». La première réunion, a raconté M. Valentin, a eu lieu sans Nicolas Anelka avec Patrice Evra, le capitaine, pour lui annoncer que compte tenu de la gravité des insultes reprochées à Nicolas Anelka, une sanction forte était envisagée sous la forme soit d'une exclusion soit d'excuses publiques. Une deuxième réunion (a eu lieu) avec Nicolas Anelka, a-t-il poursuivi. Il y a eu des échanges. Nicolas Anelka, et c'est son droit, n'a pas voulu se livrer à des excuses publiques. Il a dit : ''Je ne veux pas faire d'excuses publiques, vous ne pouvez pas faire autrement que de m'exclure". L'ancien directeur de la FFF a souligné que, dimanche soir, «quand il est parti, il est venu nous saluer. Pour nous l'incident était clos». Escalettes : «50 ans de valeurs écroulées» l Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, s'est dit bien plus consterné par «le psychodrame du week-end», avec lequel «50 ans de valeurs se sont écroulées», que par les résultats sportifs de l'équipe de France, éliminée du Mondial hier. «Ce qui me consterne le plus, c'est le psychodrame de ce week-end, où 50 ans de valeurs se sont écroulées, j'ai pensé à ce moment-là, devant cette honte, ce que le football avait provoqué, c'est grave, pour la France, les éducateurs, les bénévoles, les partenaires, les supporters, qui nous font confiance, c'est encore plus grave que les mauvais résultats sportifs», a expliqué M. Escalettes. «Le football français a des bases solides, il y aura un nouvel encadrement, ce ne sera pas la même équipe, pas le même coach, il y aura un véritable changement : j'ai totalement confiance en Laurent Blanc pour reconstruire, la tâche sera difficile, mais il n'en a pas peur», a conclu le dirigeant.