Le fiasco de l'équipe de France au Mondial va continuer à occuper la scène politique avec l'audition, aujourd'hui, de la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale avant celle de Jean-Pierre Escalettes, demain. Malgré les injonctions de la Fifa, qui a prévenu qu'elle «réagirait» en cas d'«ingérence politique», l'indignation quasi-unanime des élus devant le spectacle pitoyable offert par les Bleus en Afrique du Sud va trouver une manifestation concrète avec la convocation de Mme Bachelot et du président de la Fédération française de football (FFF). La démarche de la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de la chambre des députés n'a rien d'exceptionnel, celle-ci pouvant se saisir de tout dossier d'actualité relevant de son domaine de compétence (en l'occurrence la jeunesse et les sports) et en entendre les protagonistes. Mais ces auditions interviennent dans un contexte particulier, après l'annonce, par le président de la République, Nicolas Sarkozy, d'«Etats généraux du football français» et juste avant un conseil fédéral de la FFF, vendredi, qui doit se pencher sur le bilan calamiteux des Bleus au Mondial. Mme Bachelot, présente à Knysna, le camp de base de l'équipe de France durant la Coupe du Monde, lors du déclenchement de l'affaire Anelka, suivie de la grève de l'entraînement, a eu des mots très durs en rentrant en France, évoquant devant la représentation nationale des «caïds immatures» qui «commandent à des gamins apeurés» et estimant que «la démission de M.Escalettes était inéluctable». En profitera-t-elle pour de nouveau appeler à ce que les «responsables du désastre» rendent «des comptes»? Ou les avertissements de la Fifa les inciteront-ils à plus de retenue? La partie risque d'être plus délicate pour M. Escalettes. L'ancienne ministre communiste des Sports (1997-2002), Marie-George Buffet, membre de la commission, a pointé du doigt, le 21 juin, le «président de la Fédération française de football», qui «semble en vacances, de pouvoir». L'ex-double champion olympique de judo, David Douillet, aujourd'hui député de la majorité, également membre de la commission, lui avait lancé le 24 juin à propos de M.Escalettes: «Il n'est plus dans le coup, ça se voit. Ce n'est pas un patron de fédération comme on le conçoit aujourd'hui.»