InfoSoir : Pensez-vous que les résultats sont le fruit des réformes comme l'a souvent souligné le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid ? M. Meriane : Etablir un constat pareil constitue une précipitation dans l'analyse et l'évaluation de cette réforme. Pour pouvoir affirmer que les bons résultats sont les fruits de la nouvelle structuration, il faudra que ces bons résultats suivent une courbe croissante ou bien constante au moins pendant quatre ans. La courbe des résultats est en dents de scie, donc on ne peut être d'accord avec l'analyse du ministre. La grève qui a paralysé le secteur pendant plusieurs semaines n'a, semble-t-il, pas eu d'impact négatif sur le rendement pédagogique des élèves. Ou bien pensez vous que les sujets d'examens étaient assez faciles pour permettre ces taux de réussite ? Tout arrêt de travail a un impact négatif sur le rendement en général. Surtout lorsqu'on a à faire avec des enfants auxquels on dispense des cours, des exercices. Cela nécessite une réflexion énorme pour pouvoir rattraper le temps perdu. Les élèves ont besoin d'un temps pour assimiler et un temps pour se reposer. De ce fait, je crois que les taux de réussite élevés sont dus au petit nombre de cours à réviser et aussi des sujets qui sont d'un niveau tout juste moyen et à la portée de la majorité des élèves. En votre qualité d'enseignant, pensez-vous que ces taux de réussite reflètent le niveau réel des élèves ? Pour parler du niveau des élèves, il faut prendre une référence, comparer le niveau de nos élèves actuels avec ceux des années 70 ou les années 80. Le niveau réel a beaucoup régressé. Il est impossible de faire une comparaison dans ce sens. Je crois qu'il faut plutôt se poser la question si l objectif visé est atteint ou non… Certains spécialistes estiment que Benbouzid tente de couvrir les lacunes du secteur par des taux de réussite non conformes à la réalité. Qu'en pensez-vous ? Comme dit l'adage de chez nous : «on ne peut pas cacher le soleil avec un tamis.» Nos enfants ne maîtrisent ni les langues ni les mathématiques. Les quelques exceptions ne devraient pas être l'arbre qui cache la forêt. Nous souhaitons qu'il n'y ait plus de débrayages dans le secteur et qu'il y ait une justice dans la promotion des enseignants pour élever le niveau des élèves. * Secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST)