Détente n Le lectorat oranais trouve, visiblement, dans le geste de feuilleter des titres de la presse nationale un moyen parmi d'autres de meubler le temps. Assis, bien à l'ombre, à l'entrée de l'immeuble où il habite, Ali se donne le temps de lire son titre préféré de la presse locale. Il est en congé et excepté les corvées domestiques routinières, il dit ne rien avoir d'autre à faire tout au long de la journée que de se rabattre sur la lecture de la presse. Ce quinquagénaire, comptable, explique que durant le ramadan, il accorde une attention à la presse, et qu'il s'intéresse davantage à des sujets de circonstance. «Je m'intéresse surtout aux pages consacrées à la religion et aux sujets abordés par certains spécialistes en la matière. J'avoue ma relative ignorance dans ce domaine. Je trouve donc là une opportunité pour apprendre de nouvelles choses sur la vie cultuelle», dit-il. Certains journaux consacrent aux «Islamiyate» jusqu'à trois pages entières et axent, par souci d'interactivité avec leur lectorat, sur les conseils religieux, des sujets sur l'Islam et ses figures marquantes. Mahmoud, en revanche, «dévore pratiquement tout le contenu de deux journaux au moins, les pages Sports avant tout», et «passe tout en revue, y compris les petites annonces et les longues contributions qui n'intéressent, pourtant, qu'une certaine catégorie de lecteurs». Pour ce retraité de l'éducation, «l'essentiel est de passer le temps» et de ne pas «jeûner idiot», si on peut dire. Et c'est chaque jour que, la casquette rivée sur son crâne dégarni, il s'installe sur un des bancs du jardin «La roseraie» au centre-ville pour lire ses journaux, avant de se livrer à sa passion de toujours, remplir en un quart de tour toutes les cases de mots croisés disponibles. «Il va sans dire que ce genre de jeux me permet d'entretenir ma mémoire et mes facultés cérébrales, et de m'occuper utilement, avant de rentrer tranquillement chez moi», souligne-t-il. Prévoyante, H'lima, femme au foyer et mère de trois enfants, a ouvert, elle, un chapitre «journaux» dans le budget du ramadan. «Un titre en arabe et un autre en français par jour», tient-elle à préciser. Je m'intéresse à l'actualité nationale, dans son côté information pratique, et je reste frustrée quand je ne trouve pas suffisamment d'informations sur ma ville. «Personnellement, je n'aime pas trop les longues analyses que certains journaux publient», explique cette dame visiblement contente qu'on lui offre sur un plateau l'occasion de dire ce qu'elle pense de la presse. Et les rubriques «Magazine» dans tout cela, avec les incontournables recettes de cuisine ? «Bien sûr que ça intéresse la majorité des femmes mais il y a à redire s'agissant de plats nécessitant des ingrédients trop coûteux. Les journaux devraient tenir compte du niveau de vie de la majorité et publier des recettes abordables», estime Nawel, étudiante. L'engouement pour la presse durant le ramadan trouve son origine aussi dans la publication dans les colonnes de la presse, à cette occasion religieuse et festive, de jeux et concours dotés parfois de prix importants.