La liberté de la presse n'est pas uniquement une exposition, ni un slogan, mais un vrai débat qui s'impose. «Je crois que la presse algérienne a encore un long parcours à faire pour faire valoir son pouvoir», nous avoue, sur la place baptisée «la liberté de la presse», Rym H, une avocate de Boumerdès. Elle est de passage à Alger, séduite par une expo-photo organisée par le département de l'information, toujours sans ministre, depuis le dernier remaniement ministériel. Selon elle, il est «illogique» de parler d'une presse libre au moment où des journalistes «croupissent dans les prisons». Une idée rapidement «corrigée» par un autre «visiteur», qui semble trouver en la décision de grâce, prise par le chef de l'Etat à l'adresse des journalistes, le début d'une nouvelle ère pour la presse algérienne. Sur place s'encombrent des vieux, jeunes et enfants qui ne sont même pas en mesure de lire un journal. De l'autre côté, les mendiants s'amusent à observer ce monde peu habituel qui défile sous leurs yeux. Une place qui a fait mille et une métamorphoses pour devenir aujourd'hui une galerie pour exposition. Banderoles placardées sur les lieux et des photos occupent toute la place. Les passants débattent devant chaque illustration, une époque, une histoire et une idée à propos de la presse algérienne. «A mon avis, il faudrait mieux qualifier notre presse de privée que d'indépendante, car la différence est de taille», se permet de lancer à notre adresse un retraité de l'éducation nationale. A. Saïd reconnaît néanmoins n'avoir jamais pu passer une journée sans feuilleter un journal. De son côté, Houria pense que le journalisme est «un métier qui engage la conscience du professionnel, qui doit rapporter les faits tels qu'ils sont». Un devoir, en d'autres termes, d'informer quotidiennement le citoyen sur les différents événements nationaux et internationaux. Dans la foulée, Khalil, employé dans une boîte de communication, n'hésite pas à dire que la multiplication des titres a donné naissance à un produit qui n'est pas toujours de la qualité attendue. Notre interlocuteur a pris l'initiative de faire une comparaison entre les titres de la presse nationale avec les partis politiques. «Cette même multiplication des titres et des partis a engendré une stérilité dans l'action», dira notre interlocuteur avec une profonde conviction. Pris par le temps, il nous livre avant de partir cette réflexion: «Les responsables de presse doivent évaluer régulièrement leurs produits, car parfois il est nécessaire de s'interroger si les journaux et les journalistes ont accompli leur devoir pour mieux répondre aux attentes de leur lectorat». La petite phrase de Khalil a fait l'objet d'un débat entre les personnes présentes à la place de La liberté de la presse. Entre les pour et les contre, d'autres se contentent d'avoir chaque matin en main leur journal préféré. Car, le débat sur la liberté de la presse ne finira jamais. Quoi qu'il en soit, le parcours est toujours long, car la liberté de la presse n'est pas uniquement une exposition, ni un slogan ou une fête à célébrer, mais un vrai débat qui s'impose.