Musique n Samira Brahmia est une jeune artiste algérienne née en France, qui a grandi en Algérie, et qui est ensuite retournée vivre en France. S'exprimant sur l'actualité de la musique algérienne, Samira Brahmia, rencontrée en marge du concert qu'elle a donné pendant le ramadan à la khaïma de Sidi Fredj, dira : «Il y a beaucoup de boulot à faire. Il n'y a pratiquement que des reprises : le raï, à titre d'exemple, est en train de patauger. J'estime qu'il faut faire une recherche réelle quant aux genres, percussions, rythmes. C'est un travail à faire en profondeur afin d'arracher notre musique de sa léthargie.» C'est ainsi que l'artiste appelle, d'une part, à un vrai travail de composition et d'imagination, et, d'autre part, à entreprendre un travail de sauvegarde du répertoire collectif. Samira Brahmia déplore que certains artistes méritant d'être connus et reconnus soient marginalisés, alors que d'autres, qui ne le sont pas, soient mis au devant de la scène. La musique de cette jeune artiste associe dans un même répertoire diverses influences, allant du pop rock, chaâbi, traditions celtiques ou instruments du Grand Sud algérien. Ce travail se fait avec autant d'imagination que de sensibilité. Son succès, elle le doit à son public, notamment algérien. «Le public algérien est exceptionnel», dit-elle. «Quand je me produis sur scène, je retrouve mon public et c'est une thérapie, ça me remonte le moral. C'est un public très connaisseur et qui a beaucoup de goût. En plus, il est sensible. A chaque fois, j'ai grand plaisir à le retrouver.» Tout en se disant ouverte à toutes les autres musiques, Samira qualifie son style de «pop world». Sur ses influences musicales algériennes, elle dira : «J'ai grandi en Algérie, donc ce n'est pas la peine que je vienne dans ce pays pour découvrir un style ou tel autre genre de musique. J'ai vécu la musique algérienne et j'en connais les sonorités. J'ai vécu l'évolution de cette musique, cette dernière décennie, un peu plus vers le gnaoui.» Ayant peaufiné un style personnel profondément métissé tout en prêtant son talent à d'autres aventures musicales, Samira Brahmia avoue s'être aussi tournée, outre la world musique, vers les musiques sacrées. «Je m'intéresse beaucoup à la musique pakistanaise comme celles africaines.» «En fait, je suis attentive et ouverte à tout ce qui se passe autour de moi. J'estime que c'est très important pour un artiste car cela lui permet d'évoluer et de cumuler les expériences qui lui permettront de nourrir sa musique.» C'est ainsi qu'elle défend l'ouverture d'esprit et encourage, à ce propos, les artistes à aller explorer d'autres cultures musicales et y puiser leur inspiration. Car, pour elle, cela se révèle constructif. «On ne peut s'enfermer dans un seul style musical», dit-elle. «J'estime qu'il faut s'ouvrir aux autres sonorités. J'ai d'ailleurs toujours dénoncé la fermeture des portes et la volonté des maisons de disques de nous emprisonner dans des modèles de musique type.» n S'exprimant sur sa démarche musicale, Samira Brahmia dira : «Apporter ma touche personnelle, c'est prendre des défis en associant les sonorités des uns et des autres pour ensuite réinterpréter autrement, différemment, selon ma sensibilité.» Outre son côté créatif et artistique, Samira Brahmia est aussi militante et ce, à sa manière : «J'ai écris un morceau qui a pour titre Fabuleux destin, qui décrit la condition féminine et raconte le destin d'une fille enfermée à la maison dès que fois ses formes prennent», explique-t-elle. Et de reprendre : «Je ne suis pas politique, mais je fais de la résistance à ma façon.» A noter enfin que Samira Brahmia est fun de Youcef Boukela, Safy Boutella et aussi de Fadela Dziria. «J'ai pour projet de reprendre les chansons de Fadela Dziria et de les refaire à ma sauce», confie-t-elle. Elle a également un CD en préparation.