Démarrage n Pour l'Algérie du football, le coup d'envoi de la saison 2010/2011 est symboliquement historique, puisqu'il marque le début du premier championnat professionnel dans notre pays depuis l'indépendance. Du coup, toute l'Algérie attend de voir ce qui changera avec le démarrage du professionnalisme et l'instauration de deux ligues professionnelles de 16 clubs chacune, dont une, la Ligue 2, a déjà débuté hier et la seconde, la Ligue 1, prendra son envol aujourd'hui, même si la JSM Béjaïa et l'ASO Chlef ont donné symboliquement le coup de starter officiel de ce que sera le premier championnat pro dans notre pays. Pour la Fédération algérienne de football (FAF), ce pas est une véritable avancée dans le refondation du sport roi national et la consécration d'une longue démarche entamée il y a une année, pour se conformer aux exigences de la FIFA, via la CAF, qui ont rendu obligatoire la licence professionnelle club pour prendre part aux compétitions internationales. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, avait déjà annoncé, il y a plusieurs mois, que le championnat pro aura lieu, même s'il faut le démarrer avec huit ou dix clubs seulement, mais voilà qu'en un quart de tour, l'on se retrouve avec 32 clubs, tous passés à la forme SPA (Société sportive par actions), ce qui a permis à la fédération de monter deux ligues professionnelles dès cette année, tout en indiquant que désormais ce mode de fonctionnement est ouvert à toutes les autres formations, malgré la gronde et la menace de boycott des autres clubs qui se disent avoir été floués par la décision de l'instance fédérale d'avoir opté pour deux ligues au lieu d'une. Toujours est-il que le président Raouraoua est satisfait de cette première étape, lui qui déclarait il y a si peu «qu'il faut se jeter dans le bain et les choses se feront au fur et à mesure», notamment en ce qui concerne l'infrastructure par exemple, où pratiquement aucun club n'a satisfait aux conditions du cahier des charges. D'ailleurs, le président de la ligue, M. Mecherara, avait avancé, hier, lors d'une intervention radiophonique, que le taux de satisfaction du fameux cahier des charges n'excédait pas les 70%, ce qui confirme une fois encore que l'actuel exercice n'est qu'une phase transitoire et qu'à partir de la saison prochaine, la FAF ne délivrera de licence (qui reste un statut renouvelable) de club professionnel qu'aux clubs qui auront entièrement satisfait aux textes réglementaires. Il n'est, par exemple, pas normal qu'un club démarre avec une SPA au capital de 1 million de dinars (certes le minimum pour créer une telle entité aux yeux de la loi), mais qui est loin de représenter le dixième du budget d'une saison footballistique. Cependant, la grande nouveauté reste l'implication des pouvoirs publics à travers une série de mesures et de lois qui accompagneront cette professionnalisation du football, décidée par le président de la République en personne, et concrétisée déjà en partie dans la Loi de finances complémentaire (LFC 2010) avec ce qu'elle apporte comme avantages fiscaux et parafiscaux, sans compter le prêt préférentiel et bonifié de 10 milliards et le terrain qui sera accordé pour chaque club pour qu'il puisse ériger son propre centre de regroupement et d'entraînement. Evidemment, rien ne changera dans l'immédiat, sauf peut-être une certaine forme de gestion, un peu plus d'organisation sur les plans administratif et technique, mais ce sont les mœurs et les mentalités qui devront changer, avec la venue d'une nouvelle génération de managers et de cadres, à tous les niveaux, seuls capables de concrétiser dans les prochaines années ce professionnalisme tant espéré. Et dire que l'Espagne, avec ses clubs riches, prestigieux et centenaires, a mis plus d'un siècle pour gagner une coupe du monde. Le chemin est donc long et sinueux.