Résumé de la 61e partie n Le forgeron a trouvé le moyen de se venger de ses ennemis. Il leur a fabriqué des serrures qui ferment de l'extérieur mais en gardant un double des clefs. Le printemps passe, puis l'été et l'automne et l'hiver revient. La tradition rapporte qu'un soir, le feu manque dans la maison de l'homme que la femme du forgeron a épousé. — Va en chercher à la forge, dit l'homme ! La femme est prise de peur. — Non, dit-elle, ne m'envoie pas là-bas ! —Tu n'es plus sa femme, dit l'homme, alors tu vas te rendre à la forge et demander du feu ! Elle a beau protester, son nouveau mari l'oblige à aller frapper à la porte de son ancien époux. Elle est tremblante sur le seuil de la porte, mais le forgeron, son ex-mari, lui dit : «Pourquoi restes-tu là? Entre !» Elle entre; il la met à l'aise. — Voyons, il ne faut pas avoir peur de moi ! — Je suis partie… Il soupire. — Tu sais bien que je ne t'ai pas répudiée ! Elle soupire à son tour. — Je le sais… — Alors, pourquoi n'as-tu rien dit ? — Je ne pouvais rien dire ! Elle le regarde. — Quel coup es-tu en train de préparer ? — Je fourbis une arme ! Il la met ainsi au courant de son projet de vengeance mais il ne lui dit pas de quelle manière il procédera. La femme retourne donc chez elle, sans rien dire à son nouvel époux… Le village est en guerre larvée depuis longtemps avec un village voisin. Peu après la visite de son ancienne épouse, le forgeron prend secrètement contact avec les chefs du village voisin et leur propose de leur livrer ses ennemis. — Les gens de ton village sont plus nombreux et mieux armés que nous ! Nous ne pourrons pas en venir à bout ! — Pas si je vous les livre, enfermés dans leurs maisons ! Il leur parle alors des serrures qu'il a installées aux portes et qui ferment de l'extérieur. — J'ai le double des clés de chaque serrure, je les fermerai et plus personne ne sortira ! Il propose d'agir de nuit, de fermer toutes les portes et de le signaler par un feu qu'il allumera chez lui. La proposition est acceptée : il est décidé qu'aucune personne du village n'échappera à la mort, excepté le forgeron… Une nuit, alors que le vent souffle avec force, le forgeron quitte sa maison avec un trousseau de clés. Il ferme une à une les maisons du village, puis va allumer un feu. Quelques instants après, le village est encerclé, les maisons sont mises à feu. Les hommes s'emparent de leurs armes mais ils se heurtent à des portes verrouillées… Ainsi a péri le village, livré par un forgeron qu'on avait dépouillé de tout, sauf du désir de se venger de ses ennemis… D'après la légende, ce village, appelé Al-Kalous, se trouverait en Kabylie… (à suivre...)