Récital n Aujourd'hui encore Chopin inspire. Pour preuve, le Centre culturel français d'Alger organisait, hier, dans ses locaux, le spectacle ‘Improvision'. Un spectacle qui réunit deux pianistes de talent, Nima Sarkechik et Serge Forté. La rencontre de ces deux musiciens a donné naissance à un concept de spectacle particulièrement agréable. Les deux pianistes jouent mais entre deux morceaux, ils prennent place autour d'une table pour expliquer au public leur musique et pour parler aussi de Frédéric Chopin. Pour cette soirée qui symbolisait un peu le bicentenaire de la naissance du virtuose, le monde du classique et celui du jazz se rencontrait. ‘Improvision', c'est la rencontre entre Serge Forté professeur d'improvisation à l'institut de musique à Paris, et Nima Sarkechik jeune pianiste au répertoire classique diplômé du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Ils montent ensemble ce spectacle qui consiste à jouer ensemble ou à juxtaposer les deux univers. Nima joue du Chopin avec fougue et assurance, Serge joue du jazz sur une base de Chopin ou improvise sur les partitions du maître. Après un morceau qu'ils ont joué ensemble, Serge Forté, qui considère Chopin comme le premier jazzman, se met au piano pour montrer ce qu'est l'improvisation, lui qui en 2003 a réussi le pari audacieux de faire tomber les barrières entre le piano classique et le piano jazz avec ses arrangements d'œuvres classiques. Puis les deux musiciens prennent place pour parler de Chopin qu'ils voient comme le plus grand des improvisateurs en musique classique, puisque lui-même préférait de loin, jouer dans les salons romantiques à la composition. Puisqu'à l'époque il existait deux façons de faire carrière dans la musique, jouer dans les salons ou composer des partitions que les éditeurs vendaient aux amateurs de musique qui les rejouaient pour leur plaisir. Juste après Nima Sarkechik joue ‘L'étude révolutionnaire' un morceau empreint de violence, de puissance et de peine que Chopin composait pendant que la Pologne, sa patrie, était envahie par les Russes, en même temps il écrivait dans une lettre à sa famille : «Tout ce que je peux faire c'est épancher ma peine sur mon piano.» Devant tant de peine et de violence quoi de mieux que des notes légères de jazz pour entrecouper cette œuvre qui appelle à l'improvisation. Serge s'en donne à cœur joie en jouant directement sur les cordes du piano, plus besoin de touches quand on improvise. Une façon très impressionnante de jouer qui produit aussi des sonorités qu'on n'attend pas d'un piano, très proche de la guitare et de la basse. Avec cette même façon singulière les pianistes enchaînent sur la ‘Ballade numéro 1'. une œuvre un peu plus douce et joyeuse, ou les accords de jazz ne font pas l'effet d'intrus bien au contraire. ‘Improvision' a donc remis au goût du jour une musique vieille de deux siècles, œuvre d'un génie visionnaire qui composait dans un temps révolu les bases de la musique du temps devenu. Il y a de cela deux cents ans, le 1er mars 1810, la terre neuve du duché de Varsovie en Pologne accueillait un fils prodige. Frédéric François Chopin, compositeur de génie et pianiste virtuose qui poussait son premier cri dans le village de Zelazowa Wola à quelques kilomètres de l'actuelle Varsovie. Après sa formation, au Conservatoire de Varsovie affilié à l'université de Varsovie et un début de carrière en Pologne, Chopin se dirige vers l'une des villes symboliques de la musique, Vienne. Se rendant compte que sa carrière ne prendra pas son envol en Autriche, Chopin choisit d'émigrer en France où il trouve son inspiration dans l'effervescence du monde pianistique parisien et dans le souvenir de sa patrie meurtrie. Reconnu comme l'un des plus grands compositeurs de musique de la période romantique, Frédéric Chopin est aussi l'un des plus célèbres pianistes du XIXe siècle. Sa musique est encore aujourd'hui l'une des plus jouées et demeure un passage indispensable à la compréhension du répertoire pianistique universel. Avec Franz Liszt, il est le père de la technique moderne de son instrument et son influence est à l'origine de toute une lignée de compositeurs tels que Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Claude Debussy, Sergueï Rachmaninov, Alexandre Scriabine.