Expression n Jusqu'au 18 décembre se tient à Batna la deuxième édition du théâtre amazigh. Des théâtres régionaux, à l'instar de ceux de Batna, Tizi Ouzou, Béjaïa, Oum El-Bouaghi, Mascara, Tamanrasset, Tlemcen et Ghardaïa et auxquels s'ajoutent des associations, prennent part à cette présente édition qui est dédiée au chantre du théâtre amazigh, à savoir Mohand Ouyahia, dit Mohya. Le théâtre d'expression amazighe vient, d'une part, diversifier le paysage culturel algérien et, d'autre part, enrichir le théâtre algérien. Il s'agit, pour les professionnels, d'«un acquis pour la culture populaire en Algérie». Pour Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Béjaïa, «le théâtre d'expression amazigh existait bien avant l'institutionnalisation du festival. Il existait dans les années 1970, mais il n'était pas organisé». Il a, en outre, précisé que «le théâtre d'expression amazighe existe partout». «Le Festival national du théâtre à Batna a montré qu'il y a énormément de troupes œuvrant à promouvoir le théâtre amazigh. «Il n'y a pas seulement le Festival national de Batna pour œuvrer à la promotion du théâtre amazigh. Il y a également une rencontre nationale du théâtre amazigh en plein air à Beni Yenni. Il y a un autre festival qui se tient à Aïn El-Hammam. Et aussi du côté de Ghardaïa. Le théâtre en tamazight est un peu partout : à Timimoune, à Touggourt. Et aussi dans le centre d'Alger où il y a de jeunes troupes qui font du théâtre en tamazight, mais qui attendent juste les espaces nécessaires pour se produire.» Omar Fetmouche se montre optimiste quant au devenir du théâtre algérien d'expression amazighe. «Le théâtre en tamazight a pris un bon élan», a-t-il expliqué, avant d'ajouter : «Parce que le Festival national de Batna a fait appel à des professionnels, je pense que le théâtre en tamazight, en partant sur des bases solides, pourra évoluer et se développer. Et puis il y a une nouvelle génération de jeunes qui ont fait l'Ismas, qui sont plus proches de la prestation professionnelle, donc le théâtre en tamazight a plus de chance de faire ses premiers pas à un moment où il y a une critique acerbe et fondamentale pour un théâtre meilleur et plus esthétique. Je pense que le théâtre en tamazight peut profiter de cette aubaine pour qu'il n'y ait pas de productions médiocres et qu'il puisse s'imposer en tant que discipline artistique.» Et de dire : «Il fait partie du paysage théâtral national : il va faire sa mue, sa progression, il se peut qu'un jour le théâtre en tamazight soit une référence plus importante et s'impose comme tel.» En outre, le théâtre est une forme d'expression universelle, ouverte à toutes les langues. - S'exprimant sur ce qui caractérise le théâtre d'expression amazighe, Omar Fetmouche dira : «Il y a une richesse dans la langue amazighe : targui, kabyle, chaoui, m'zab…Il y a aussi ce souci du théâtre d'aller vers l'authenticité sur le plan de la création. Il essaie de se ressourcer davantage. Mettre en valeur le patrimoine. Il pioche sur la production.» Ainsi, le théâtre algérien d'expression amazighe s'emploie à valoriser un pan du patrimoine algérien qui offre à l'artiste intéressé par la culture amazighe «l'occasion de révéler ses talents et de plonger dans ce riche patrimoine qui sert le théâtre, mais également dans les autres formes d'expression artistique telles que la musique et le chant». Autrement dit, le fait de se lancer dans l'expérience du théâtre amazigh s'avère, à coup sûr, une tentative de découvrir les différentes facettes du riche patrimoine algérien. Le Festival national du théâtre national d'expression amazighe représente alors une belle initiative, parce qu'elle permet la conservation de la mémoire collective et dévoile une culture aussi riche que variée. Ce festival est «un premier pas dans l'exploration et la revalorisation la plus large possible» de ce patrimoine populaire si riche, comme il se veut une initiative «enrichissante pour le théâtre algérien qui a fait ses preuves à l'échelle des régions maghrébine et arabe».