La cour d'assises du Puy-de-Dôme (France) a condamné, hier, vendredi 19 mars 2004, un détenu de 26 ans à quinze ans de réclusion, avec une période de sûreté des deux tiers, pour avoir violé une surveillante de la maison centrale de Riom. «Vous êtes un prédateur sexuel violent, qui est intelligent, qui comprend la gravité de ce qu'il va faire, mais préfère assouvir ses besoins», a lancé l'avocat général, Eric Mathais, à Georges Gaud, jugé depuis jeudi. La peine a été assortie d'un suivi sociojudiciaire de quinze ans avec obligation de soins. L'avocat général avait requis vingt ans de suivi. Le jeune homme, d'origine africaine, avait prétexté le 17 octobre 2002 l'oubli d'une pochette de cours pour se faire accompagner par une surveillante dans une salle déserte du bâtiment d'activités de la prison, devenue centre de détention en 2003. Là, il a agressé la jeune femme, âgée de 42 ans, dont les cris ont alerté d'autres surveillants qui sont venus à son secours. Il s'agit de la première agression de ce type répertoriée par l'administration pénitentiaire. «Il a très mal interprété la gentillesse de cette femme», a regretté l'avocat du jeune homme, Me François-Xavier Dos Santos, du barreau de Riom. «Un travail profond doit être effectué sur lui», a-t-il ajouté. Le verbe haut, avec force gestes, l'accusé, un homme intelligent à l'allure sportive, s'est défendu avec aplomb, répétant qu'il n'avait «jamais violé sauvagement». Il a demandé aux jurés de le juger «seulement» pour ce qu'il a commis. «M. Gaud cherche à avouer le minimum, dissimule sa violence et la préméditation pour faire croire que c'est un nouveau dérapage», a affirmé l'avocat général. En détention, Georges Gaud a accumulé les incidents à caractère sexuel à l'encontre de femmes. «Je faisais rire toutes les gonzesses, quand je débarquais», a rappelé le jeune homme à la jeune professeur d'espagnol, gênée, venue raconter à la barre l'exhibition sexuelle qu'il avait commise pendant son cours. Le jour de son arrivée à la centrale de Riom, où il devait purger une peine de quatre ans de prison pour l'agression sexuelle d'une assistante sociale au centre de détention de Joux-la-Ville (Yonne), il s'était exhibé devant une infirmière. Il n'a pas été sanctionné. «J'aurais pu, mais je voulais lui laisser une chance», a expliqué Isabelle Chailloux, la directrice de la centrale. Mais elle avait rédigé une note de service demandant au personnel féminin de l'établissement de ne pas rester seul avec Georges Gaud, note dont la victime, absente au procès, a déclaré ne pas avoir eu connaissance. «Je ne comprends pas qu'elle ait pu commettre une imprudence comme ça, qu'elle n'ait pas pensé à se protéger davantage», a souligné Isabelle Chailloux. Fille et épouse de surveillants pénitentiaires, mère de deux petites filles, la victime était «une surveillante expérimentée», selon sa supérieure hiérarchique. «Elle se remet très difficilement de l'agression : elle a fait une très grave dépression, souffre toujours de phobie, a du mal à sortir», a raconté la directrice de la prison. «On n'envisage pas qu'elle puisse un jour retravailler dans l'administration pénitentiaire», a-t-elle dit.