Violence n La décennie 1990-2000 est la période la plus douloureuse de l'histoire contemporaine de l'Algérie. Une décennie sanglante durant laquelle le pays a vécu au rythme de massacres collectifs, bombes et protestations populaires. Tout a commencé avec l'interruption du processus électoral en 1991. Profitant de l'ouverture politique, le Front islamique du salut (FIS) remporte les élections municipales de juin 1990 et le premier tour des législatives de décembre 1991. Le pouvoir réagit alors en interrompant brutalement le processus électoral. En janvier 1992, le FIS est officiellement dissous. S'ensuit une guerre terroriste déclenchée par des groupes islamistes armés, faisant des milliers de morts, de disparus et de blessés. La lutte armée menée depuis des années contre le terrorisme n'a pas encore abouti à son éradication définitive. La Kabylie reste toujours le théâtre d'insécurité, d'assassinats, de kidnappings… Le discours officiel a toujours fait état d'une éradication «imminente» du terrorisme «résiduel». Même les lois de la concorde civile et la réconciliation nationale ayant ouvert grande la voie du repentir aux terroristes n'ont pas permis d'«éteindre le feu». Et ce n'est pas seulement le terrorisme islamiste qui a secoué le pays. La politique de l'arabisation qui a fait son retour au milieu des années 1990 n'a pas laissé la population de Kabylie indifférente. De grandes manifestations, marches et grèves sont observées, car cette loi a été conçue, selon ses opposants, contre l'identité berbère. On se rappelle également la grève du cartable. Les élèves de la région boudent les écoles durant l'année scolaire 1994-1995. C'est au cours de l'année 1995 qu'on assiste à un certain assouplissement vis-à-vis de la langue berbère, même si l'arabisation demeure le fondement de la politique linguistique.Les protestations s'avèrent payantes, le gouvernement ayant pris des engagements pour valoriser la langue et la culture berbères. Un Haut-Commissariat à l'amazighité auprès de la présidence de la République est créé par le décret du 28/05/1995. Ce nouvel organisme instauré par le «président de l'Etat», le 7 juin 1995, est chargé notamment de prendre diverses initiatives et de formuler des propositions en matière d'enseignement du berbère. Des stages de formation sont organisés au profit des enseignants et tamazight entre dans le système éducatif national. Toutefois, beaucoup reste à faire dans ce sens. L'assassinat du militant et chanteur kabyle Matoub Lounès, un certain 25 juin 1998, place, encore une fois, la région sur une poudrière. Des émeutes éclatent partout et les services de sécurité, comme de coutume, font usage de la force, tuant et arrêtant des milliers de citoyens. Dans d'autres régions du pays, quelques marches de soutien à la cause berbère sont organisées, sans grande ampleur. Une autre décennie qui commence et se termine dans la violence…