Passion n L'art ne peut survivre, donc la création ne peut se poursuivre, s'épanouir et se développer sans un marché de l'art ; et qui dit marché de l'art, dit collectionneur. En Occident, c'est grâce aux collectionneurs, aux amateurs d'objets ou d'œuvres d'art, que l'art en question, est entretenu. Il y a même des institutions spécialisées dans l'acquisition et la revente d'œuvres d'art. Ce genre d'établissement favorise la sauvegarde du patrimoine. Chez nous, en Algérie, nous n'en sommes pas encore là. Il n'y a pas ce type d'établissements. Toutefois, nous pouvons dénombrer une quantité de collectionneurs de divers horizons qui se livrent à cette passion, qu'est la leur, et qui consiste à accumuler des objets d'art et qui, avec le temps, revêtent chacun une grande valeur historique tant ils sont anciens et rares. L'objet revêt une préciosité comme une originalité particulière. La beauté esthétique n'a d'égale que la valeur historique. Les collectionneurs touchent à plusieurs domaines : cartophilie, philatélie, photographie, dinanderie, poterie, numismatique… Le penchant pour ce genre de passion qui suscite un fort intérêt aux objets et à la nécessité de leur conservation, puisqu'il s'agit de témoins d'une époque ou d'un chapitre de l'histoire, permet de revisiter un pan de l'histoire de l'Algérie ou bien celle de l'humanité et ce, à travers d'objets à dimension universelle, comme il aide à préserver ce patrimoine de l'humanité et à entretenir, à travers chaque objet, chaque œuvre la mémoire collective de l'homme. Ainsi, la collection d'objets est plus qu'un hobby, c'est une quête du passé pour mieux appréhender l'avenir. A ce sujet, Samir Belkhiret, un jeune collectionneur, philatéliste et numismate, et pour qui ce genre d'activité tient un rôle éducatif et pédagogique, dira : «Au-delà de l'apprentissage de l'ordre et de la patience, collectionner des objets permet aussi d'apprendre l'histoire de son pays à travers des choses palpables, c'est encore mieux qu'un livre d'histoire.» De son côté, Lyès Meziani, dont l'intérêt est porté sur les photographies anciennes, celles réalisées en noir et blanc, estime que «la collection joue un rôle de mémoire, estimant que c'est à travers les photographies que les générations futures découvrent un tant soit peu les conditions sociales dans lesquelles vivaient leurs aînés.» Ce collectionneur a un précieux fonds de photographies – certaines remontent à la fin du XIXe et au début du XXe siècle –, réalisées par des photographes suisses, espagnols et d'autres nationalités. Toutes racontent la société algérienne au temps de la colonisation. Ces photographies représentent un fonds iconographique précieux puisqu'elles permettent une lecture historique de l'Algérie. Le philatéliste, Hacène Metref, estime, pour sa part, que le milieu de la collection des objets n'est pas encore structuré ni encadré, mais il relève uniquement du domaine du privé. Il regrette également que chaque collectionneur soit replié sur lui-même, rappelant que «le fait de collectionner des objets est étroitement lié à la sauvegarde du patrimoine matériel» et, en conséquence, à la transmission de la mémoire. Ce collectionneur espère que cette passion pourra évoluer et devenir un métier à part entière avec la création d'espaces d'exposition, d'échanges ou des clubs de collectionneurs. C'est pour cette raison que nombre de collectionneurs émettent le souhait d'exposer dans des galeries d'art ou même dans des musées, comme ils espèrent la création et la multiplication d'espaces d'exposition afin de leur permettre de créer une synergie à long terme entre passionnés d'objets anciens et le grand public. Et donc valoriser la collection d'objets anciens qui revêt une valeur patrimoniale.