“Le marché de l'art algérien sera normalisé à partir de 2008 et la première vente aux enchères officielle sera organisée au cours du premier trimestre de la même année à Alger ”. Cette annonce a été faite la semaine dernière à partir d'Oran en marge de la 3e édition du Salon méditerranéen des arts plastiques, par le secrétaire général de l'Union nationale des arts culturels (UNAC), Arroussi Abdelhamid. C'est la première fois que l'on parle de façon officielle du marché de l'art, qui n'est ni connu, ni pratiqué ni rodé dans les surfaces plastiques. Le SG de l'UNAC semble limiter ce marché qui suppose une véritable jurisprudence, des professionnels, des statuts…, à la vente aux enchères. Avant tout, il faut savoir que l'art est un signe extérieur de richesses culturelle et matérielle. Le marché de l'art a une importance économique réelle mais surtout une fonction culturelle essentielle. Il a une sorte de complémentarité entre marché et collections privées, entre collections privées et collections publiques, entre le marché et l'histoire de l'art, qui suppose aussi ses connaisseurs. Avant d'avoir un marché de l'art, il faut répertorier les plasticiens de génie ainsi que d'autres sur la base d'un travail rigoureux d'un critique d'art. Y'en a-t-il un seul sur la place d'Alger ? Non ! Y a-t-il une seule revue ou magazine faisant régulièrement les comptes rendus des travaux ainsi que des créations de nos artistes-peintres ? Non plus ! Avant de créer le marché de l'art il faut d'abord définir une fiscalité en fonction de la valeur culturelle et économique de l'œuvre. Avant d'avoir un marché de l'art il faut des commissaires priseurs, de vrais professionnels qui ont déjà assez d'expérience dans le domaine, qui ont une parfaite connaissance des cours des œuvres. La tradition de compétence de ces professionnels, marchands ou commissaires-priseurs est nécessaire et pas suffisante. Les antiquaires et les marchands de tableaux n'ayant non seulement ni réputation ni statut doivent être connues et leur mission serait “la vente ou l'échange d'objets usagés ou acquis de personnes autres que celles qui les fabriquent ou en font le commerce”. Si l'UNAC devra s'occuper de ce marché de l'art dont elle parle, ses membres doivent absolument se considérer comme des spécialistes de la recherche, de l'identification des objets de façon à être en mesure de formuler un diagnostic sur son authenticité. Contrairement à un brocanteur, par exemple, qui peut se contenter de proposer des objets dont il ignorent l'auteur et l'époque de création et pour lesquels ils ne donne aucune garantie. Selon Larrousi, l'institutionnalisation du marché de l'art en Algérie donnera lieu “ à la cotation réelle, par des experts en la matière, des artistes en fonction de leur niveau et de la qualité de leurs œuvres ” ajoutant qu'elle permettra de réguler une situation en pleine “mutation”, marquée par la multiplication de galeries d'art où, fait-il observer, “l'œuvre du débutant se vend au prix de celle du maître et vice-versa”. Et si le débutant a plus de génie que le “maître” qui pourrait le voir? Mais le SG de l'UNAC parle plutot d'inventaire qui sera dressé chaque année dans un catalogue destiné aux amateurs et collectionneurs intéressés par l'acquisition d'une toile ou autre objet d'art. Outre la capitale Alger, “ ce marché de l'art ” sera toujours selon Laroussi déplacé quelque fois (là il parle bien sûr de la vente aux enchères), vers d'autres pôles culturels tels ceux d'Oran, Constantine et Biskra. De plus Larroussi a annoncé, l'édition prochaine de nouvelles publications sur l'histoire et les grands noms des arts plastiques, qui offriront aux lecteurs “ un panorama authentique de l'art algérien ”. Quand aucun critique n'est formé, aucune ébauche d'une fiscalité n'a été faite, aucun catalogue n'existe, il serait vain d'imaginer un marché de l'art qui bouillonne de savoir.