Débat n Une biennale crée un marché de l'art à l'échelle mondiale. Le festival d'art contemporain qui se tient à Alger depuis mardi, et ce, jusqu'à la fin du mois de février 2010, est une manifestation visant à faire connaître au public l'art contemporain et les dernières créations. Il est aussi un espace où sont réunis divers artistes de plusieurs pays, venus d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie, du Moyen-Orient et même d'Europe. Ce festival s'emploie à privilégier les artistes du Sud, d'où la relation Sud -Sud. Il est aussi l'occasion – et le moment – de soulever la problématique du marché de l'art aussi bien entre les pays du Sud qu'entre le Sud et le Nord. Ainsi, une table ronde a eu lieu, jeudi, à la salle des conférences de l'hôtel Essafir, dans laquelle a été abordée la question du marché de l'art notamment entre les deux hémisphères (Nord et Sud). Danny Montes de Oca Moreda, une artiste peintre cubaine et commissaire de la biennale de La Havane, a expliqué que «le marché de l'art entre le Sud et le Nord existe à travers les biennales, celles-ci sont étroitement liées au marché de l'art», et d'ajouter : «La biennale de La Havane, créée en 1984, en est un exemple.» Les biennales consistent alors à créer une plateforme susceptible de favoriser et d'encourager la création actuelle, un endroit pour permettre aux artistes d'exposer et de faire parler leurs œuvres et les idées qu'elles contiennent et véhiculent, ainsi que le rapport que chacun entretient avec son environnement et son monde. «L'idée de mettre en place une biennale est de créer un espace de relation entre les différents artistes des cinq continents», dit-elle, et de poursuivre : «C'est aussi une manière de présenter un nouveau type d'art – et une nouvelle forme d'expression artistique, plus actuelle – porteur de nouvelles idées et exprimant une nouvelle vision du monde.» Une biennale rassemblant des artistes avant-gardistes, a pour objectif de rénover l'art, de renouveler le champ de la création, de révolutionner les idées artistiques, politiques, socioculturelles abordées et développées dans l'œuvre en question. Une biennale s'impose comme étant une institution sur la scène internationale permettant de créer un marché de l'art à l'échelle mondiale favorisant l'échange, le rapprochement – et donc le dialogue. Une biennale, tout comme le marché de l'art, exprime une contemporanéité et engage, en conséquence, une réflexion sur l'art en question et sur la relation que peuvent entretenir – et développer le Sud avec le Nord et inversement. Une biennale – ou le marché de l'art – consiste ainsi à parler du rapport entre les deux hémisphères. n Evelyne Artaud, une critique d'art venue de France, a insisté sur le rapport entre le marché de l'art généralement dominé par des mécènes privés et les institutions publiques, à savoir les musées. Car les institutions publiques ont pour devoir non pas de favoriser les artistes cotés dans le marché de l'art local ou international, mais d'accompagner et de soutenir la jeune création. Samir M'Kadmi, un artiste tunisien et commissaire d'exposition, a évoqué, dans son intervention, le rôle du marché de l'art – celui-ci est lié à l'environnement social, culturel, politique et même économique auquel il appartient – dans le renouveau du langage artistique. Ainsi, «l'art se définit par l'actualité», dit-il, et de poursuivre : «Il s'inscrit dans le présent et il peut s'avancer sur tous les thèmes. Il se caractérise également par la liberté d'expression, économique et du mouvement.» Liberté d'expression, parce que l'art contemporain ne peut s'exprimer que s'il évolue dans un environnement où la liberté d'expression et de création n'est pas contrôlée ou muselée. Economique, parce qu'il nécessite des moyens pour soutenir et développer la création. Mouvement, parce que l'art contemporain doit et a besoin de circuler d'un pays à l'autre, d'une biennale à l'autre.