Alors que les appels à une intervention de l'Armée se multiplient, notamment par le biais des diplomates libyens en poste à l'étranger, une fetwa a été lancée hier par le cheikh Al-Qardaoui pour assassiner Kadhafi. «Que quiconque de l'armée libyenne peut tirer une balle sur Maâmar Kadhafi pour en débarrasser la Libye, le fasse». Aux premières heures de ce mardi, la situation semblait calme à Tripoli. «Il y a de fortes pluies en ce moment, les gens sont donc chez eux», a indiqué un habitant. «Je suis dans l'est de la ville et je n'entends aucun heurt». Un peu plus tôt, un autre habitant de la capitale avait déclaré que l'armée libyenne avait bombardé de nombreux sites. «Ce à quoi nous assistons est inimaginable. Des avions et des hélicoptères de l'armée de l'air bombardent aveuglément un quartier après l'autre. Il y a de nombreux morts», avait alors indiqué un des habitants à la chaîne Al Djazira. Hier de violents affrontements se sont poursuivis en Libye, y compris dans la capitale Tripoli et dans plusieurs villes aux mains des manifestants. Les étrangers sont restés confinés chez eux, en raison du chaos qui régnait à l'extérieur. «Je suis enfermé à la maison depuis cet après-midi (hier). On ne peut pas sortir pour aller au centre-ville. C'est trop dangereux», a expliqué un employé sud-américain d'une société européenne vivant à Tripoli et contacté hier soir via Skype. Certains de ses collègues ont préféré s'installer avec femme et enfants dans les locaux de l'entreprise. Des affrontements meurtriers ont eu lieu hier dans les quartiers de Fachloum et Tajoura à Tripoli, ont indiqué des habitants de ces quartiers. L'un d'eux qualifiant les événements de «massacre». «Ce qui s'est passé aujourd'hui à Tajoura est un massacre», a affirmé un habitant. «Des hommes armés tirent sans distinction. Il y a même des femmes qui sont mortes», a-t-il ajouté, sous le couvert de l'anonymat. Il a affirmé que les mosquées du quartier diffusaient des appels au secours par le biais de haut-parleurs. Un autre témoin à Fachloum a indiqué que des hélicoptères ont survolé le quartier pour faire descendre des mercenaires africains armés, qui ont tiré sur toutes les personnes se trouvant dans la rue. Il a fait état d'un grand nombre de morts. La télévision d'Etat avait auparavant évoqué une opération menée par les forces de sécurité contre les «saboteurs et ceux qui sèment la terreur» faisant des morts, mais a démenti ce mardi tout «massacre». «Ils disent qu'il y a des massacres dans plusieurs villes, villages et quartiers. Nous devons lutter contre ces rumeurs et mensonges qui font partie de la guerre psychologique», a écrit Al-Jamahiriya sur un bandeau. Seïf Al-Islam, le fils de Kadhafi a reconnu que l'armée avait mené des bombardements, tout en soulignant que ceux-ci visaient des dépôts d'armes loin des zones urbaines, a rapporté hier soir la télévision libyenne. Hier matin, l'organisation Human Rights Watch avait évoqué un bilan de 233 morts depuis le début de la contestation, mais ce chiffre devrait être désormais beaucoup plus important. La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) parle, quant à elle, de 300 à 400 morts.