Violence n Trois personnes sont mortes dans les affrontements hier entre manifestants et forces de l'ordre en plein centre de Tunis, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Selon ce communiqué, «trois personnes ont trouvé la mort parmi les douze qui ont été blessées lors de ces heurts et qui ont été transférées dans un hôpital pour y être soignées». L'utilisation du terme «personne» laisse entendre qu'il s'agirait de manifestants. «Plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés à différents degrés», selon le communiqué qui ne précise par leur nombre. D'autre part, selon le communiqué, «plus de 100 personnes ont été arrêtées hier» et «88 autres auteurs d'actes de vandalisme ont été arrêtés la veille», lors des premiers affrontements entre forces de l'ordre et manifestants survenus vendredi à Tunis. Cette dernière a connu, hier, une véritable bataille rangée entre forces de l'ordre et manifestants dans le centre de la capitale, théâtre de scènes de chaos et d'une chasse à l'homme tous azimuts. Des dizaines de rafales d'armes automatiques, des tirs incessants de gaz lacrymogènes, des tirs de sommation, des sirènes de voiture de police et d'ambulances, des hurlements de policiers et de manifestants résonnaient depuis plus de quatre heures dans le cœur de Tunis, où une multitude d'arrestations très musclées étaient opérées en fin d'après-midi. La circulation, même des piétons, a d'ailleurs été interdite à partir d'hier 18h 00 (17h 00 GMT) jusqu'à ce dimanche minuit sur l'avenue. Alors que des flammes s'échappaient d'un immeuble, deux blindés de l'armée ont remonté l'artère sous les invectives de policiers nerveux et fatigués. Des Tunisiens, pour la plupart âgés de moins de 20 ans, encagoulés ou portant des masques, ont harcelé et nargué les forces de l'ordre depuis 14h 00. Dispersés une première fois devant le ministère de l'Intérieur, les manifestants s'étaient regroupés dans l'avenue Habib-Bourguiba et les rues adjacentes pour attaquer de nouveau les policiers avec des pierres et des barres de fer. Aux cris de «Nous voulons faire tomber le régime», ces jeunes se présentent comme «les lionceaux de la révolution». Ils ont lancé au moins deux attaques contre la police, contraignant cette dernière à se replier vers le ministère de l'Intérieur. D'autres manifestants scandaient : «Les policiers ont réprimé, violé, torturé nos proches et maintenant on augmente leurs salaires.» Auparavant, des policiers des unités anti-émeutes et d'autres en civil, la plupart encagoulés, ont tenté de faire barrage à des manifestants, qui continuaient de leur jeter des pierres à la hauteur de l'avenue de Paris, perpendiculaire à l'avenue centrale Habib Bourguiba. La police avait déjà procédé en début d'après-midi à de nombreuses arrestations musclées et demandé des renforts. Des manifestants ont, de leur côté, arraché des panneaux publicitaires et des bancs pour tenter de freiner la progression des fourgons de police. Des jeunes femmes participaient également aux affrontements, dont une a été brutalement arrêtée. Pour la plupart des Tunisiens, la police symbolise toujours la répression sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir le 14 janvier.