Spectre n la violence confessionnelle risque de déstabiliser davantage le pays dans cette difficile période de transition. Des affrontements entre chrétiens coptes et musulmans ont fait, hier, au moins treize morts au Caire, relançant les tensions confessionnelles en Egypte, au moment où le pays s'engage dans une difficile transition politique après la chute du Président Hosni Moubarak. D'autres heurts ont éclaté dans la capitale entre des Egyptiens armés de couteaux et bâtons et des centaines de manifestants pro-démocratie rassemblés place Tahrir au Caire. L'armée a rétabli le calme dans la soirée. Mardi soir, musulmans et coptes se sont affrontés dans le quartier déshérité à forte population copte de Moqattam (est), où un millier de chrétiens s'étaient réunis pour protester contre l'incendie ayant en grande partie détruit, la semaine dernière, une église au sud de la capitale. «Tous les morts ont été tués par balles, et les blessés ont aussi été touchés par des tirs», a déclaré le père Samaâne Ibrahim, qui a mis en cause des «voyous» et des «salafistes», des islamistes fondamentalistes. Selon lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, et les attaquants ont incendié des entrepôts et des ateliers de recyclage. Les services de sécurité ont fait état d'affrontements à coups de pierres entre chrétiens et musulmans, et des témoins ont indiqué que l'armée avait tiré en l'air pour disperser la foule. Les promesses des autorités quant à la reconstruction de l'église n'ont pas calmé la tension entre les deux communautés. Signe que le pays reste instable près d'un mois après la chute du Président Moubarak, hier dans le centre du Caire, «des voyous pro-Moubarak nous ont attaqués et ont essayé d'entrer à la place Tahrir, mais nous avons pu les repousser à coups de bâton et de jets de pierres», ont indiqué des manifestants. Les heurts ont éclaté alors que le nouveau gouvernement rencontrait le Conseil suprême des forces armées, organe à la tête du pays, pour lui proposer une loi criminalisant les incitations à la haine, qui pourrait les rendre passibles de la peine de mort, a indiqué la télévision égyptienne. Le gouvernement a mis en garde contre le risque de «contre-révolution», a rapporté l'agence officielle Mena, après ces heurts attribués à des partisans de l'ancien régime d'Hosni Moubarak. Les Frères musulmans, le plus important mouvement d'opposition en Egypte, ont accusé les anciens partisans de M. Moubarak d'attiser la violence et appelé les Egyptiens à «soutenir les forces armées et le gouvernement afin qu'ils puissent tenir les engagements de la révolution». Les Coptes représentent 6 à 10% de la population du pays. Ils disent être victimes de discriminations. Ils ont été visés dans la nuit du Nouvel an par un attentat devant une église d'Alexandrie (nord), qui a fait 23 morts.