L'attentat sanglant devant une église d'Alexandrie après la messe de minuit du nouvel an a provoqué l'ire des coptes égyptiens, qui ne décolèrent pas contre le gouvernement de Hosni Moubarak, en témoignent ces heurts à répétition avec les forces de l'ordre. Les appels au calme du raïs égyptien et de nombreuses personnalités locales au lendemain du carnage terroriste, qui a fait 21 morts et 79 blessés parmi les fidèles chrétiens de l'église des Qiddissine d'Alexandrie, la seconde ville d'Egypte, ne semblent avoir eu aucun effet sur la communauté coptes, laquelle ne rate aucune occasion pour exprimer sa colère contre le gouvernement qu'ils accusent de ne pas leur assurer une protection suffisante. Ils se sont pris aux officiels venus présenter dimanche des condoléances au patriarche copte orthodoxe Chenouda III. Les coptes ont ainsi jeté des pierres sur Osmane Mohamed Osmane, secrétaire d'Etat au développement économique, après qu'il eUt rencontré Chenouda III, alors que des affrontements opposaient d'autres manifestants aux policiers postés à l'extérieur de l'enceinte. Des heurts, qui ont éclaté entre chrétiens coptes et policiers au Caire ont fait 45 blessés parmi les forces de l'ordre, a affirmé la police, laquelle a indiqué que les accrochages ont eu lieu en marge d'un rassemblement de plusieurs centaines de personnes qui s'étaient rassemblées dans l'enceinte de la Cathédrale Saint-Marc. Plus tôt dans la journée de dimanche, plusieurs dizaines de manifestants avaient tenté d'encercler le grand imam d'Al-Azhar, Ahmad al-Tayeb, l'un des principaux responsables religieux musulmans du pays, donnant des coups sur sa voiture alors qu'il sortait d'une visite au patriarche. Dans un quartier copte de la capitale, plusieurs dizaines de manifestants ont jeté des projectiles sur les policiers. Un millier d'entre eux ont également manifesté devant le ministère des Affaires étrangères, et dans la province d'Assyout, des coptes ont pris à partie un musulman et détruit trois voitures dans le village d'Al-Izziya. Cette situation inquiète au plus haut point les autorités égyptiennes, qui redoutent une escalade des tensions confessionnelles, dans le pays où les coptes représentent de 6 à 10% des quelque 80 millions d'Egyptiens. La presse locale s'alarme et exhorte chrétiens et musulmans à faire bloc à l'image du quotidien pro-gouvernemental Rose el-Youssef, qui écrivait à sa une “quelqu'un veut faire exploser ce pays” et provoquer “une guerre civile religieuse” en Egypte. Même son de cloche chez le journal indépendant Al Chourouq, qui évoquait la hantise d'une guerre civile : “Si le plan (des terroristes) marche comme prévu”, l'Egypte pourrait s'embourber dans “un marécage semblable à ce qui s'est passé au Liban en avril 1975”. Par ailleurs, l'église des Saints d'Alexandrie en Egypte, visée par l'attentat, figurait sur une longue liste de lieux de culte coptes désignés depuis début décembre comme cibles par un site Internet d'Al-Qaïda. La liste a été publiée le 2 décembre sur le site Choumoukh al-Islam, qui héberge la plupart des communiqués d'Al-Qaïda et des forums animés par des militants gravitant dans son orbite.