Position n Des chefs de tribus réunis à Tripoli ont appelé à une amnistie générale pour mettre fin à la guerre civile, tout en qualifiant de «traîtres» les rebelles. Dans une déclaration concluant une Conférence nationale des tribus libyennes, les participants ont indiqué vouloir «travailler à une loi d'amnistie générale qui inclue tous ceux qui ont été impliqués et ont pris les armes» depuis le soulèvement anti-Kadhafi de février dernier. Une telle loi «ouvrira la voie à une ère de paix et de pardon», ajoute la déclaration, sans autre détail sur la loi ni sur son calendrier. Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, avait assuré auparavant que la conférence représentait les tribus de tout le pays, y compris celles des zones rebelles. Toutefois, la déclaration qualifie les insurgés de «traîtres» et s'engage à ne pas «abandonner» Mouammar Kadhafi, dont le départ est exigé des rebelles. «La conférence appelle aussi les tribus libyennes voisines des villes et des cités, dont se sont emparé des groupes armés à lancer des marches pacifiques et populaires pour libérer ces villes en désarmant les rebelles», ajoute la déclaration. Le texte ne précise pas comment désarmer pacifiquement les rebelles. Le régime libyen s'est, pour sa part, insurgé hier, vendredi, contre le plan international d'aide aux rebelles, qui prévoit l'utilisation de ses fonds gelés et a répété que Mouammar Kadhafi n'avait aucune intention de quitter le pouvoir, au lendemain de la réunion du Groupe de contact à Rome. Ce dernier a mis en place jeudi dernier un «fonds spécial» pour le CNT, qui sera alimenté par des dons et des prêts notamment arabes, puis en partie par les avoirs libyens gelés aux Etats-Unis et en Europe. Il devrait être opérationnel dans quelques semaines et servir principalement à payer les salaires, ainsi qu'à acheter des vivres et des médicaments. «La Libye est toujours, selon le droit international, un Etat souverain et toute utilisation des fonds gelés est comme de la piraterie en haute mer», a répliqué le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, lors d'une conférence de presse à Tripoli. Outre l'aide financière, la réunion de Rome a évoqué les moyens de parvenir le plus vite possible à un cessez-le-feu, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini estimant «réaliste» qu'il puisse intervenir «d'ici à quelques semaines». Le conflit a déjà fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale, qui compte demander trois mandats d'arrêt pour des crimes contre l'humanité commis en Libye. Malgré l'intervention d'une coalition internationale le 19 mars dernier sous mandat de l'ONU, des opérations désormais gérées par l'Otan, la situation militaire semble bloquée sur le terrain, et la crise humanitaire risque de s'aggraver. Les combats se focalisaient encore sur Misrata, grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, assiégée depuis plus de deux mois par les pro-Kadhafi.