Scène n La pièce Kahwat Romana (Café romana) sera jouée les 18, 19 et 20 mai et ce, dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Cette pièce est une adaptation du texte de Mohammed Dib sur une idée de Saïd Ramdani et mise en scène par Ali Abdoun de la troupe El-Afssa. «L'originalité de cette pièce, c'est qu'elle se jouera dans le café Romana qui vient d'être réhabilité», nous dira Ali Abdoun, et de poursuivre : «En outre, la plupart des événements que comprend le texte, se déroulent dans le café Romana.» Le texte, qui se veut, selon le metteur en scène, une ouverture sur l'œuvre de Mohammed Dib, concerne le café qui devient, de ce fait, le personnage principal de la pièce ; tout s'organise dans et autour du café. «Pour étoffer la pièce, on y a inclus d'autres personnages de d'autres textes de Mohammed Dib. La pièce est conçue sous forme de halqa (cercle), et au-delà de la halqa, on retrouve le patio qui nous rappelle la Grande maison.» S'exprimant sur le contenu de la pièce, Ali Abdoun dira : «ça parle de la réalité d'avant 1954, date du déclenchement de la Guerre de l'indépendance, elle évoque les prémices de la prise de conscience du peuple algérien quant à la nécessité de se libérer du joug colonial… C'est un spectacle qui parle de l'Algérie dans son espace.» Ali Abdoun souligne aussi que la pièce est «une mise en scène du patrimoine culturel immatériel algérien». «Outre la mise en évidence de l'histoire et la mémoire, il y a également une mise en espace des traditions et de l'oralité. C'est toute une vie, ses us et coutumes qui y sont évoqués Ainsi, le café Romana de Tlemcen – allusion faite au grenadier qui pousse à proximité – est un lieu illustre, voire mythique. Le café a d'ailleurs été fermé pendant la Guerre de libération pour sa fonction inavouée de lieu de rendez-vous des activistes nationalistes. Le café, complètement restauré, a inspiré l'auteur de L'Incendie. Il est témoin du début de l'écriture de Mohammed Dib. «C'est dans ce café que Mohammed Dib a écrit ses premiers textes», fait savoir Ali Abdoun, avant d'ajouter : «C'est de là qu'il est parti, que sa carrière d'écrivain a été lancée.» Ali Abdoun est un passionné de Mohammed Dib. «Je suis habité par Mohammed Dib (...). Ce qui est extraordinaire chez Mohammed Dib, c'est qu'il est parti du local pour arriver à l'universel.» La pièce fait revivre l'univers – et l'imaginaire – de Mohammed Dib. C'est un véritable plongeon dans la vie, le quotidien de la société tlemcénienne. Une sorte de machine à remonter le temps. La pièce de théâtre qui est en soi une reconnaissance à Mohammed Dib, n'omet pas de rendre hommage à ce père du Théâtre algérien, qu'est Abdelkader Alloula. Sa méthode de présentation sera adoptée sous forme d'une trame qui, regroupant plusieurs textes suivant un cheminement logique pour une fidélité dans la préservation de l'esprit du texte initial de l'auteur, se déroulera de la même manière que celle retrouvée dans la halqa. La pièce sera interprétée à chaque fois dans une langue différente : arabe, français, tamazight et anglais. Elle sera jouée à Alger pendant la tenue du Festival national du théâtre professionnel.