Tiaret Récemment, la cour criminelle s?est prononcée sur l?affaire d?une diseuse de bonne aventure accusée de meurtre sur la personne d?une enfant de cinq ans, il y a cinq longues années, le 21 juin 1999. A peine la soixantaine, Ferroudja a ce don qu?ont les gens qui n?ont pas froid aux yeux et vous dévisagent alors que leurs actes dépassent de loin l?imagination. Elle est là, dans cette salle d?audience presque vide, comme s?il était indécent d?assister nombreux à ce procès peu commun. Il faut préciser qu?un premier procès a innocenté ? bizarrement ? la dame aux mains de fée. Une bien médiocre fée qui, après une judicieuse enquête, s?avère être bel et bien coupable du rapt et du meurtre d?un enfant retrouvé mort, au bas de l?immeuble, juste en dessous du balcon de Ferroudja... C?est d?ailleurs elle-même qui alerta le voisinage et les parents du petit. Dans un premier temps, cette découverte a été attribuée à un accident. Mais des enquêteurs avisés poussèrent les recherches plus loin, car à leurs yeux, cette découverte avait un petit air de «quelque chose que l'on veut masquer». Un quelque chose qui pourrait être un meurtre. Et, en effet, combien ils avaient raison ! Lors de ce second procès, Ferroudja est coincée. Le rapport d?autopsie est formel : la victime a succombé à des coups assénés au niveau du crâne, mais son cou portait aussi les traces toutes fraîches de mains qui l?auraient cruellement étranglée. Ferroudja ne dit rien, et que pourrait-elle dire, d?ailleurs ? Qu?elle aurait profité de l?innocence d?un gosse à des fins de «sorcellerie» ? Que par les temps qui courent, en plus des dangers qui menacent nos enfants à chaque coin de rue, entre autres la pédophilie, on devrait ouvrir les yeux car un sorcier les guette ? Même le plus naïf des enfants ne croirait pas à cette version tirée d?un conte de fées. A l?issue des délibérations, la vieille Ferroudja se voit condamnée à dix ans de réclusion criminelle. Cette sentence fera-t-elle trembler les sorciers de l?an 2004 ?