Tension Le chef du Congrès populaire a été arrêté alors que des négociations s?ouvrent entre le gouvernement et les mouvements de guérilla du Darfour où on enregistre 3 000 morts depuis février 2003. Les autorités soudanaises ont arrêté l'opposant islamiste Hassan al-Tourabi peu après avoir accusé des officiers d'une tentative de coup d'Etat, a annoncé, dans la nuit d?hier, la télévision satellitaire Al-Jazira. Selon l'épouse de M. Tourabi, Wissal al-Mehdi, citée par la télévision qatariote, «d'importantes forces de la sécurité ont encerclé le domicile» du chef du Congrès populaire (CP, opposition) et ont arrêté l'opposant islamiste âgé de 71 ans. Ancienne éminence grise du régime, M. Tourabi avait été libéré le 13 octobre 2003 après près de trois années passées en résidence surveillée. Son épouse a indiqué que «plusieurs responsables du CP ont également été arrêtés» au cours de la nuit. Ces arrestations interviennent après qu'une dizaine d'officiers de l'armée soudanaise, soupçonnés d'implication dans une tentative de coup d'Etat, eurent été arrêtés dimanche, a indiqué, hier, mardi, un responsable proche du gouvernement. Le CP avait affirmé lundi que plusieurs de ses responsables, dont trois membres du bureau politique, ainsi que des officiers, avaient été arrêtés et accusés d'avoir participé à une tentative de coup d'Etat. Selon un membre du bureau politique du CP, «il s'agit d'une histoire montée de toutes pièces, afin que le gouvernement trouve une excuse pour dissoudre notre parti». Il a précisé que les officiers arrêtés étaient originaires pour la plupart du Darfour, dans l'ouest du Soudan, théâtre de combats depuis plus d'un an entre les forces gouvernementales et la guérilla, mais a assuré qu'ils n'appartenaient pas à son parti. Des responsables du gouvernement ont accusé, à plusieurs reprises, le CP de soutenir la rébellion dans le Darfour. Le CP avait rendu début mars les autorités soudanaises responsables de l'aggravation du conflit du Darfour et de «tenter d'imposer une solution par la force» dans cette région. L'arrestation de M. Tourabi est intervenue alors que des négociations se sont ouvertes hier au Tchad entre le gouvernement soudanais et les mouvements de guérilla du Darfour pour tenter de mettre fin aux combats qui auraient fait, depuis février 2003, environ 3 000 morts, 670 000 déplacés au Soudan et 135 000 réfugiés au Tchad. M. Tourabi, dont l'audience dans les milieux islamistes dépasse les frontières du Soudan, avait aidé le général Béchir à s'emparer du pouvoir lors d'un coup d'Etat, en 1989. Mais en décembre 1999, Béchir avait dissous le Parlement présidé par Tourabi, qu'il avait ensuite écarté du pouvoir. Il avait été arrêté en février 2001 et placé en résidence surveillée, après que son parti eut signé un protocole d'accord avec les rebelles sudistes de l'Armée populaire de libération du Soudan (Spla), qui négocient aujourd'hui un accord de paix avec le gouvernement.