Succès n Le parti du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a remporté, hier, une victoire écrasante aux législatives, s'assurant une troisième législature consécutive. Après le comptage de 99% des suffrages, le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan, au pouvoir depuis 2002, remporte 50% des voix. Ce parti pourra ainsi former seul un gouvernement car il détient largement la majorité absolue au Parlement de 550 sièges, avec 326 députés. Ce parti avait obtenu 47% des suffrages aux législatives de 2007 et remporté 341 sièges au Parlement. En 2002, son score était de 34%. «Aujourd'hui une nouvelle fois la démocratie, la volonté nationale ont gagné», a lancé M. Erdogan, accompagné de son épouse Emine, du haut du balcon du siège de son parti à Ankara à l'adresse d'une foule de plusieurs milliers de personnes, agitant les drapeaux de l'AKP. «J'espère que ces élections contribueront à consolider la paix, les droits et les libertés», a-t-il ajouté. M. Erdogan, a aussi affirmé qu'avec la victoire de l'AKP, «Gaza, la Palestine et Jérusalem avaient aussi gagné», affichant une nouvelle fois sa sympathie en faveur du monde musulman, en particulier la cause palestinienne. Cette fois, même si l'AKP ne présente pas de signes d'essoufflement et augmente son pourcentage des voix à un niveau record, il aura moins de députés, en raison du système électoral turc, à savoir la proportionnelle, selon les résultats. Le chef de l'AKP, parti accusé par les milieux laïques de vouloir islamiser la société turque en catimini, a aussi assuré que celui-ci «était le garant de tous les différents modes de vie et des croyances en Turquie». Après l'AKP, arrive en deuxième position le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale force d'opposition avec 25,9% des voix, suivi des nationalistes du MHP avec 13%. Plus de 50 millions d'électeurs, sur une population de 73 millions d'habitants, étaient appelés aux urnes. L'AKP n'obtient cependant pas la majorité des deux tiers (367) qu'elle espérait au Parlement pour modifier, sans avoir à consulter l'opposition, la Constitution héritée des militaires après leur putsch de 1980. Il reste même en dessous des 330 députés nécessaires pour soumettre à référendum tout amendement de la loi fondamentale. Mais M. Erdogan a promis, hier soir, qu'il rechercherait «le plus vaste consensus» avec l'opposition et la société civile turques pour «rédiger une nouvelle Constitution libérale digne de la Turquie». «Le peuple nous a transmis le message d'élaborer une nouvelle Constitution à travers le consensus et la négociation», a-t-il déclaré. Et de promettre que le nouveau texte s'appuierait sur des principes démocratiques et pluralistes, s'engageant aussi à trouver une solution au conflit kurde. M. Erdogan a vanté pendant la campagne la bonne santé économique de la Turquie, actuellement 17e économie mondiale avec une croissance de 8,9% en 2010. Déchiré par des coalitions instables, le pays s'est stabilisé, politiquement et économiquement, sous la direction de l'AKP qui a aussi réussi à cantonner dans ses casernes l'armée, jadis acteur politique de premier plan. R. I. / Agences