Suspicion n En 1948, Harry Truman, le président américain, déclenche la guerre froide, qui va pratiquement durer jusqu'en 1991. Le 12 mars 1947, soit deux années après la fin de la Seconde guerre mondiale ; le président des Etats-Unis, Harry Truman, propose la fameuse doctrine qui va porter son nom : la doctrine Truman, ou encore doctrine du containment ou de l'endiguement. Selon le texte de la doctrine, les Etats-Unis se réservent le droit d'intervenir partout dans le monde à chaque fois qu'ils jugent nécessaire de défendre leurs intérêts ou ceux de leurs alliés. Cela pour la menace externe. Un décret présidentiel, promulgué le 21 du même mois, prévoit la menace interne : il est stipulé que les autorités interviendront à chaque fois qu'il sera utile pour «vérifier» le loyalisme des fonctionnaires et réprimer toute tentative d'espionnage au profit de l'Union soviétique et de ses satellites. L'Union soviétique est devenue, depuis la fin de la guerre, l'ennemi numéro un de ce que l'on appelle ici «le monde libre» et chacun sait que Staline, le redoutable secrétaire général du parti communiste soviétique, cherche, par tous les moyens, à obtenir les plans de la bombe atomique que, pour le moment, les Etats-Unis sont les seuls à posséder... Le président Truman ne s'arrête pas là. Dans la foulée, il fait voter, grâce à la majorité qu'il possède à la Chambre des représentants et au Sénat, une loi Taft-Hartley, qui restreint les libertés syndicales et oblige les chefs des syndicats à prêter un serment de non-appartenance au parti communiste américain, clandestin. Or, la plupart des syndicats américains de l'époque étaient dirigés par des chefs d'obédience communiste : la loi va procéder à l'épuration et pousse à la clandestinité nombre de dirigeants… Par sa doctrine, le président américain vient d'enclencher les rouages de la guerre froide, qui va pratiquement durer, malgré des phases de détente, jusqu'en 1991, date de la dissolution de l'Union soviétique. Truman a accédé à la présidence des Etats-Unis à la suite du décès de Roosevelt, survenu alors que le pays et le monde sont encore en guerre contre l'Allemagne nazie et le Japon. Il obtient la reddition de l'Allemagne, le 8 mai 1945 et comme le Japon refuse de capituler, il donne l'ordre de larguer la bombe atomique sur les villes de Hiroshima et Nagasaki (9 août) : on lui en fera plutôt des reproches mais sur le moment, il a obtenu la reddition sans condition du Japon et la fin de la guerre. Ce succès lui vaudra, en 1948, d'être réélu… Mais aux Etats-Unis, il n'y a pas que Truman qui crie au danger communiste et appelle les Américains à la vigilance. Un obscur sénateur du Wisconsin, un certain Joseph McCarthy, se dresse à son tour pour appeler à la lutte contre le communisme. Il va multiplier les conférences et les meetings, fanatiser des milliers d'Américains, appeler ouvertement à la délation. «Notre pays est en danger. Les communistes le menacent, de l'extérieur comme de l'intérieur. Vos collègues, vos voisins, vos amis, vos proches peut-être espionnent au profit de l'URSS. Il est de votre devoir de les dénoncer pour qu'ils soient démasqués et mis hors d'état de nuire…» C'est dans cette atmosphère que va éclater, au début de l'année 1950, l'affaire Rosenberg. Elle va défrayer d'abord la chronique américaine, puis prendre, avec la condamnation à mort du couple, des dimensions internationales. (A suivre...)