Désenclavement n Isolées depuis 20 ans en raison de la fermeture de la route qui y conduit, les hauteurs du Chlaâlaâ, dans le célèbre massif de Belezma (Batna), accueillent de nouveau des visiteurs, qui redécouvrent avec enchantement les paysages naturels féeriques du site. On y accède par le chemin de wilaya n°5 qui serpente, sur une trentaine de kilomètres, entre Batna et Oued El-Ma. La moitié de cette voie escarpée traverse l'inestimable Parc national de Belezma qui renferme l'une des plus importantes cédraies d'Algérie. A la sortie ouest de la ville de Batna, les premiers kilomètres de cette route, dégradée par endroits et vieille d'un demi-siècle, peuvent paraître plutôt lassants. Cette impression laisse place, rapidement, à un sentiment d'émerveillement, avec l'apparition des premiers paysages du Chlaâlaâ. Ce sanctuaire naturel était, jusqu'à la fin des années 1980, une destination privilégiée pour les familles batnéennes, mais aussi pour les adeptes du tourisme de montagne qui y affluaient de tout le pays, notamment durant la période estivale, où la température ne dépasse jamais, ici, les 25°C, quand Batna, non loin de là, «cuit» sous les 40°C et plus. Une fois à l'intérieur de ce formidable écosystème, le temps semble s'arrêter à la vue du premier moulin à eau, surgissant à un détour de la route, et des maisons éparses, construites en pierre et surmontées de tuiles rouges. Les paysages verdoyants, parsemés de fleurs aux couleurs éclatantes, se déploient des deux côtés de la route qui monte, traverse la roche et se noie dans d'agréables et rafraîchissantes brises chargées de mille senteurs. Plus on se rapproche du célèbre col de Telmet, plus la ville de Batna se «dissout» avant de disparaître totalement à la vue, plongeant les visiteurs dans une sorte de «proche exotisme». Là, à 1 800 mètres d'altitude, la nature étale son exubérance avec ses majestueux et énormes cèdres de l'Atlas. Le long de la route, l'on n'entend que le gazouillement des oiseaux. Des oiseaux, ils en existe de multiples espèces à Belezma. La fauvette, le serin, la mésange, la palombe et la perdrix y sont légion, même si le ciel du parc reste dominé par l'aigle royal dont l'envergure, ailes déployées, atteint jusqu'à trois mètres. Le bitume, comme s'il avait honte de dénaturer cet endroit, vous fausse brusquement compagnie, laissant place à une piste au milieu de cet éden de verdure. Les vingt années d'autarcie vécues par le site, dans une espèce de trêve avec l'homme, ont laissé la nature reprendre une vivacité débordante à Chlaâlaâ, où trônent, en plus des imposants cèdres de l'Atlas, des chênes verts et des érables aux côtés d'une infinité d'autres essences. La sinuosité de la route étroite oblige le conducteur à la vigilance, d'autant, avertissent les habitués du site, qu'il peut être surpris par un sanglier, un chacal ou encore un loup apeuré, la faune ayant également abondamment réinvesti cet espace.