Du jour au lendemain, il devient célèbre. Des malades accourent de partout pour consulter celui qu'on appelait déjà le «chirurgien au couteau rouillé». La femme ou l'homme montre la partie de son corps qui lui fait mal. Arigo la touche, réfléchit un moment comme s'il se demande s'il doit opérer ou non, puis saisit son couteau, le plonge à vif dans les chairs, le tourne et, quand il juge la plaie suffisamment grande, il plonge les doigts et «retire» le mal, généralement une tumeur. Il la montre au malade et essuie le couteau sur sa chemise. Et, c'est tout. Il lui arrive aussi de faire des «ordonnances», de prescrire des produits ou des médicaments. Et le malade, dans tous les cas, guérit. De vrais prodiges ! José Arigo ne traite que les patients dans un état désespéré, les autres, il les renvoie vers les médecins qui, selon lui, peuvent les traiter avec les méthodes traditionnelles. Le nombre de malades devient si important qu'il est vite débordé. Bientôt, il ouvre une clinique. Dès sept heures du matin, la foule des malades fait la queue devant la porte, attendant qu'il commence. L'homme, habillé comme d'habitude, sans blouse ni gants, sans aucune mesure d'asepsie dans son «cabinet», fait entrer les malades. Il commence par les cas les plus désespérés, laissant en dernier les malades les moins atteints. Il n'utilise, pour tout instrument, que son couteau et pour ordonnance que des bouts de papiers sur lesquels il griffonne, de son écriture maladroite, les «traitements», en fait des produits inoffensifs.