De toute l?histoire tumultueuse des élections en Algérie, le rendez-vous du 8 avril 2004 s?annonce comme un virage décisif. Bien amorcé, il sauvera le pays, à l?opposé, il le précipitera dans le chaos. La «dichotomie» transparence-fraude n?a jamais été aussi apparente dans un microcosme politique en éternelle gestation et ébullition. Cette fois, la campagne électorale s?est achevée comme elle a débuté : dans le doute. La suspicion est à son paroxysme alors qu?au milieu de la campagne électorale, on était plus près d?une élection propre ? une première dans les annales ? que d?un scrutin à l?estampille de la fraude. Que s?est-il passé donc entre-temps pour que, à quelques heures de l?ouverture des bureaux, l?air des élections soit de nouveau vicié et irrespirable tout en charriant des dangers. Le mot fraude est de nouveau sur toutes les lèvres. Et les millions de potentiels électeurs ne savent plus à quel saint se vouer. Pis encore, le spectre d?un retrait massif des candidats refait surface, comme en 1999 ! C?est la lecture qu?il faut faire du communiqué conjointement signé par le trio Benflis-Sadi-Djaballah. Un communiqué dont la quintessence demeure inéluctablement le signal fort lancé à l?adresse de la «grande muette».