Le président du RCD a estimé : “Le projet porté par les républicains démocrates doit être présent dans cette élection.” Le leader démocrate, Saïd Sadi, a officiellement annoncé sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Dans sa déclaration de candidature — elle est rédigée en trois langues (arabe, tamazight et français—, rendue publique hier, Saïd Sadi a écrit : “Honoré de l'investiture de mon parti, je confirme aujourd'hui devant les Algériennes et les Algériens ma candidature à l'élection présidentielle d'avril 2004.” Une déclaration que Sadi a présentée comme “un message citoyen et de fidélité” et “une suite logique d'un parcours historique et d'une démarche stratégique amorcée il y a deux ans avec la convention nationale tenue le 31 octobre 2002 à Tipasa”. Expliquant sa décision, le président du RCD a estimé : “Le projet porté par les républicains démocrates doit être présent dans cette élection.” “L'Algérie démocratique et sociale de Novembre et de la Soummam est une ambition historique, légitime et généreuse de notre peuple. Elle se présente, aujourd'hui, comme un devenir possible si nous menons, ensemble, le combat qui passe d'abord, par une mobilisation résolue”, a-t-il encore ajouté. Pour Saïd Sadi, le rendez-vous électoral d'avril prochain, qui est “peut-être l'ultime chance”, est à même d'“ouvrir une alternative démocratique à la hauteur des aspirations et des sacrifices de notre peuple”. Tout en précisant que “c'est dans cette perspective que, pour ma part, j'ai toujours inscrit mon engagement”. En homme politique avisé, Sadi a fait remarquer que le prochain scrutin “doit être protégé des forfaitures qui, par le passé, ont régulièrement perverti la volonté populaire”. Ce qui explique son franc engagement dans la dernière initiative politique — elle est inédite dans les annales politiques de l'Algérie indépendante — lancée par le groupe des “dix” qui, dans une déclaration rendue publique le 12 janvier 2004, a exigé la satisfaction de 3 conditions essentielles pour prémunir la prochaine élection présidentielle “déterminante pour l'avenir du pays” d'une fraude : Primo, le remplacement du gouvernement d'Ahmed Ouyahia par “un cabinet intérimaire consensuel chargé de la préparation des élections et de la gestion des affaires courantes dont la composition sera arrêtée en concertation avec les forces politiques et sociales”. Secundo, la mise en place d'une “instance indépendante dotée de toutes les prérogatives pour instruire et contrôler l'administration dans les phases de préparation, d'organisation et d'exploitation des résultats du scrutin”. Tertio, la nécessaire “protection des acteurs politiques et sociaux qui manifestent leur soutien aux différents candidats…”. Pour rappel, le conseil national du RCD, tenu le 8 janvier 2004 au club du Moudjahid (Alger), a consacré dans ses résolutions de larges passages à l'élection présidentielle d'avril prochain présentée comme “une occasion majeure pour sortir le pays de la crise si des mutations fondamentales l'accompagnent” pour peu, bien sûr, que soient imposées “des règles qui rompent définitivement avec les trafics et les détournements de la volonté populaire”. Se disant “partie prenante” de ce scrutin, l'instance dirigeante du parti a investi son président, Saïd Sadi, pour la candidature. Chose faite depuis hier. Mais avant même la tenue de ce conseil, cette question de la présidentielle a été toujours présente dans les débats internes du parti à l'occasion de meetings et conférences animés par les dirigeants du parti, comme lors de ses cinq conventions régionales. Assurément, l'alignement de Saïd Sadi dans la prochaine compétition électorale conférera à ce scrutin — comme c'était d'ailleurs le cas en 1995 — un surcroît de crédit. Mais contrairement à 1995 où, alors le souci majeur de Saïd Sadi était de rapatrier la décision politique et couper l'herbe sous les pieds des partisans du contrat de Rome, cette fois-ci, son objectif majeur est d'assurer une présence effective et active au projet démocratique et républicain dans cette élection capitale et lui donner, pourquoi pas, un prolongement dans les institutions de l'Etat, après une réelle maturation au sein de la société. C'est là le grand défi des démocrates algériens que Saïd Sadi s'est proposé de relever. Arab Chih Déclaration de candidature “Honoré de l'investiture de mon parti, je confirme, aujourd'hui, devant les Algériennes et les Algériens ma candidature à l'élection présidentielle d'avril 2004. Je considère que le projet porté par les républicains-démocrates doit être présent dans cette élection. Je sais aussi que beaucoup parmi les femmes et les hommes qui ont sauvé notre pays partagent cette conviction. Pour l'heure, ce scrutin doit être protégé des forfaitures qui, par le passé, ont régulièrement perverti la volonté populaire. C'est peut-être l'ultime chance. Les militants dont j'ai partagé les luttes et qui m'ont soutenu dans les périodes difficiles, les jeunes qui se battent et m'expriment leurs attentes, les citoyens qui m'ont accompagné et, plus largement, tous ceux qui aspirent à un changement pour la liberté et la dignité savent que, pour moi, leur confiance est le plus précieux des viatiques. L'Algérie démocratique et sociale de Novembre et de la Soummam est une ambition historique, légitime et généreuse de notre peuple. Elle se présente aujourd'hui comme un devenir possible si nous menons, ensemble, le combat qui passe d'abord, par une mobilisation résolue. Cette élection peut ouvrir une alternative démocratique à la hauteur des aspirations et des sacrifices de notre peuple. C'est dans cette perspective que, pour ma part, j'ai toujours inscrit mon engagement.” Alger, le 18 janvier 2004 Saïd Sadi Entretien express “C'est l'élection de la dernière chance” Liberté : Est-ce que vous pouvez nous résumer en quelques mots les raisons qui vous ont amené à vous porter candidat ? Saïd Sadi : Aujourd'hui, la grande majorité des Algériens aspire à vivre en démocratie, en paix, dans le progrès et la liberté. C'est aussi la revendication de la majorité de la classe politique et c'est une bonne chose. Il est donc naturel que les artisans de cette maturation politique soient présents à une élection aussi importante pour le pays. Et la déclaration d'aujourd'hui n'est qu'une suite logique d'un parcours historique et d'une démarche stratégique qui a commencé pour le parti à Tipasa (convention nationale) et s'est déclinée par 5 conventions régionales, près d'une centaine de meetings publics. C'est le retour d'écoute et l'analyse qui nous ont confortés dans l'idée que l'opposition démocratique doit porter les couleurs de son projet. Vous aviez posé, en compagnie d'autres candidats, certaines conditions pour la transparence du scrutin… Si nous avons exposé nos vies et nos familles pour que les Algériens vivent et s'expriment librement, c'est pour arriver un jour à ce que le citoyen soit respecté dans ses choix. Les institutions aujourd'hui sont disqualifiées parce que la fraude a fait des ravages. Aucun Etat, aucune société ne peuvent se développer dans la fraude et la corruption. Jamais l'Algérie n'a été à ce point atteinte par ce double fléau. Il est donc normal que cette élection de la dernière chance soit mise à l'abri des pratiques mafieuses que nous constatons tous et quotidiennement. Une des conditions de cette protection, c'est le départ du gouvernement qui s'enferme de plus en plus dans le cynisme et l'irresponsabilité. Qu'espérez-vous de cette élection ? Si nos concitoyens le veulent, les conditions d'une élection régulière peuvent être arrachées, et pour une fois, depuis l'indépendance, l'Algérie votera librement pour des programmes et non pas pour des clientèles. KARIM KEBIR.