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«Désamorçons toutes les bombes»
LOUISA HANOUN À PROPOS DU RÈGLEMENT DE LA CRISE
Publié dans L'Expression le 22 - 05 - 2004

Plus incisive et déterminée que jamais, Louisa Hanoune revient, dans cet entretien, sur le scrutin du 8 avril dernier, le programme du gouvernement, ses propositions de sortie de crise et la situation mondiale devenue de plus en plus intenable. Si pour elle, il convient de profiter de cette conjoncture pour aller vers un programme plus hardi, conforme aux aspirations d'un peuple qui a clairement exprimé ses besoins à travers ce scrutin, il n'en demeure pas moins que l'ex-candidate du PT estime que rien de cela n'est, ajoutant que les résultats obtenus par son parti sont loin de refléter sa véritable force. Mais là n'était pas l'objectif poursuivi à travers cette participation. L'Algérie a échappé à un grave danger grâce à la sagesse citoyenne. La menace, différée, plane toujours. Elle s'en explique...
L'Expression : Votre position concernant les résultats du 8 avril est demeurée quelque peu ambiguë. Du moins, pour les observateurs. Explication : vous vous déclarez globalement satisfaits, mais dans le même temps votre parti enregistre un net recul par rapport aux élections passées. Quel est le secret d'une pareille démarche?
Louisa Hanoune : Il n'y a aucune ambiguïté dans notre position. Tout acteur politique dresse son bilan sur la base de l'objectif qu'il s'est fixé. Le nôtre était que notre pays passe sans casse le cap du 8 avril. Nous avions clairement précisé que sans rétablissement de la paix, impliquant la levée de l'état d'urgence et l'instauration de conditions normales d'exercice de la politique, il ne saurait y avoir des élections d'une transparence irréprochable et consacrant la souveraineté populaire. Notre participation n'a pas été décidée parce que la nature du scrutin aurait fondamentalement changé, d'autant qu'il n'y a eu aucun changement de fond à la loi électorale, en plus du rejet de toutes nos propositions d'amendement, mais uniquement parce que notre pays n'a jamais été autant menacé dans son existence. Sur fond d'une situation mondiale explosive, notre pays fait l'objet de menaces ouvertes de la part de la plus grande puissance planétaire. A cela, s'ajoute la crise interne qui aurait conduit au déroulement d'une élection à l'ivoirienne, à la malgache ou à la géorgienne. Cela veut dire que nous faisions face à des ingérences étrangères directes impliquant le chaos et la désignation du président algérien à travers des centres de décision étrangers. Nous avons donc mené une campagne de sensibilisation, de clarification, abordant notre ligne de fond politique dans le but d'expliquer que ces menaces ont un lien direct avec nos hydrocarbures et les législations sociales ayant encore cours dans notre pays. Il s'agissait pour nous d'empêcher le chaos et de préserver la nation algérienne. Nous voulions que le peuple se mobilise. D'où notre slogan : «El-Djazaïr amana».
C'est pour cette raison que nous avons qualifié les résultats du scrutin de victoire politique du peuple algérien. Il a déjoué tous les dangers qui le guettaient, à sa manière. Les Espagnols, quelques jours après les attentats du 11 mars, ont profité des élections pour dire stop à la politique de la droite, une politique de guerre et de régression, chargeant les socialistes prioritairement de retirer les troupes espagnoles d'Irak. Le peuple algérien, confronté à des enjeux autrement plus graves, à savoir l'existence même de la nation, a lui aussi, utilisé des élections, en défense de la nation, en optant pour la stabilité et la préservation du cadre national. Il a évité un bain de sang, la guerre civile et les interférences étrangères.
Oui, mais même si le terme ambiguïté est à remplacer par contradiction, cette dernière est omniprésente entre vos «objectifs atteints» et vos résultats obtenus... 1 % des suffrages exprimés demeure quand même un taux très faible...Or, vous avez effectué un sans-faute durant votre campagne et vous assistez en ce moment à une campagne d'adhésions massives. Où est la faille?
Il n'y a nulle contradiction entre ces deux données. Vous savez, l'intelligence des peuples s'exprime sous différentes formes. C'est précisément à partir du moment où les résultats officiels ont été annoncés que les adhésions ont commencé. Elles se poursuivent jusqu'à ce jour. Parmi ces adhésions figurent des gens qui n'ont même pas voté. Il ne faut pas oublier en effet qu'il y a 8 millions d'Algériens qui n'ont pas voté. Il y a également des citoyennes et des citoyens qui ont voté pour Bouteflika parce que nous avons eu peur qu'il arrive malheur à notre pays disent-ils, et que durant son premier mandat il y a eu diminution de la violence et ouverture de chantiers même si fondamentalement, les problèmes ne sont pas encore réglés. Ces citoyens ont donc opté pour la sécurité et la stabilité, mais sont d'accord avec notre programme. C'est pour cette raison que nous nous sentons à l'aise. Nous n'avons fait de pronostic ni sur les résultats, ni sur les pourcentages, ni s'il y aura un ou deux tours. L'important pour nous était ailleurs.
Cela étant, est-ce que ce 1 % est notre résultat véritable ? Certainement pas. Ce taux ne correspond pas non plus à la place du parti, ni à la campagne qu'il a menée. Un courrier extraordinaire nous parvient en parallèle de cette vague d'adhésions. Une chose est sûre quand même : la tendance générale était en faveur du président Bouteflika. Mais est-ce que c'est à 85 % ? Nous ne le pensons pas non plus. Ces résultats nous semblent irréels. Et nous avons la preuve que notre assiette électorale n'a pas rétréci. Des groupes sociaux au complet ont décidé de voter pour nous. Beaucoup de ces personnes, constituées en associations ou représentant des secteurs d'activité, n'ont pas retrouvé leurs voix. Elles ne comprennent pas ce qui s'est passé. Nous non plus. Mais à partir du moment où nous n'avons pas eu de preuves de fraude à ciel ouvert comme cela a été le cas en 2002 et 1997, nous préférons laisser le temps au temps pour résoudre cette énigme. Cela étant, nous sommes convaincus que la volonté de minorer nos positions émane des mêmes centres mondiaux qui veulent imposer à notre pays des politiques dévastatrices de privatisation, de déréglementation au service des multinationales. Je tiens quand même à ajouter que nous avons été très surpris par l'attitude de certains médias écrits qui, au lieu de chercher à décrypter le message contenu dans ces résultats, en allant au-devant des citoyens pour les interroger, n'ont rien fait de cela. Les Algériens n'ont pas voté pour la privatisation, ni pour la régionalisation. Le président lui-même a déclaré savoir que ceux qui ont voté en sa faveur n'ont pas tous opté pour son programme. C'est pour cela que je conteste les déclarations des partis qui l'ont soutenu quand ils disent que les Algériens ont opté pour son programme pour justifier leur propre orientation. D'ailleurs on s'en souvient tous, durant la campagne, le président a mis l'accent essentiellement sur la réconciliation nationale, l'emploi, le logement. Or, si l'Algérie gagne du temps en ce moment, les dangers continuent de planer car les problèmes demeurent entiers. Depuis le 9 avril, nous oeuvrons à structurer notre parti, à intégrer les nouveaux adhérents. Jamais nous n'avons enregistré des adhésions aussi significatives. Je m'explique. C'est la première fois que cette vague se produit après un scrutin, donc sur une base totalement convaincue et absolument désintéressée. Nous avons même constitué une commission ad hoc qui se réunit tous les après-midi, afin d'étudier le courrier volumineux que nous recevons. Nous constatons que la relation du PT avec la société a évolué. Les Algériens nous chargent de prendre à bras-le-corps leurs problèmes. Des Algériens viennent également chez nous à partir des coins les plus reculés du pays. Nous constatons chez les citoyens plus de revendications et de détermination.
L'avenir prouvera que ce n'étaient pas nos résultats. En attendant, nous, qui n'avons pas adopté une démarche électoraliste durant ce scrutin, sommes fiers d'avoir contribué à la victoire politique du peuple algérien. Je tiens à rappeler, quand même, que dans une présidentielle, il n'y a qu'un vainqueur. La révision des résultats annoncée par le Conseil constitutionnel était tellement grotesque que je suis partie d'un énorme éclat de rire! Cela étant, nous refusons que ces 85 % soient transformés en situation géorgienne en différé.
Vous dites souhaiter que ces 85 % ne soient pas transformés en situation géorgienne en différé. Mais dans le même temps, l'alliance présidentielle semble nous donner un avant-goût d'une reconfiguration politique dans laquelle l'opposition n'aurait pas droit de cité. Comment voyez-vous l'avenir de la scène politique pluraliste dans notre pays ? Pour clarifier plus, vous dites que les Algériens ont opté pour la stabilité alors que ce n'est pas du tout ce que semble nous réserver cette fameuse alliance...
Pour nous, stabilité veut dire retour à la paix durable. Il y a eu diminution mais pas disparition de la violence. Cela veut également dire règlement des grands dossiers politiques, tels que ceux des disparus, des détenus politiques, des libertés, de tamazight. A partir du moment où les instances du parti ont constaté que les objectifs politiques que nous nous sommes fixés en décidant la participation aux élections ont été atteints, nous en avons défini d'autres. D'où la lettre ouverte au président de la République. Nos militants sont dans la rue pour expliquer le contenu de cette pétition et la faire signer par le peuple algérien. Cela fait 16 jours que la campagne a commencé et nous enregistrons comme résultats partiels, plus de 100.000 signatures. Nous n'avons jamais cessé d'activer, sans prendre un seul jour de repos, contrairement à ce que dit la presse écrite qui, par exemple, n'a pas couvert nos trois conférences régionales sur la mondialisation les 30 et 31 avril et le 1er mai, auxquelles ont pris part des centaines de syndicalistes de 48 wilayas. Je lis en effet des commentaires annonçant pratiquement la disparition des partis. C'est extrêmement dangereux. De son côté, la télévision ne traite pas nos communiqués relatifs aux réunions hebdomadaires de l'exécutif rendant compte de nos activités alors qu'elle le fait pour les partis majoritaires. Mais ce n'est pas nouveau. Il s'agit du sempiternel débat sur le service public. Quant à l'alliance, elle est libre de se fixer les objectifs qu'elle veut. Nous n'avons pas de commentaire à faire sur leur démarche. Pourquoi devrions-nous considérer que cela remet en cause le multipartisme? A notre avis, le devenir de chaque parti est lié à son programme. Pour notre part, nous refusons le multipartisme à la carte, décrété sur décision administrative. Et en tout état de cause, le multipartisme en Algérie est, faut-il le rappeler, le produit de longues luttes et de sacrifices.
Pour revenir à la pétition, force est de constater qu'elle a été peu médiatisée même si vous dites qu'elle a décroché plus de 100.000 signatures depuis sa mise en circulation ? Quel est son contenu et les objectifs qu'elle poursuit?
Elle a commencé à circuler en date du premier mai. Elle reprend les axes fondamentaux de notre programme électoral. Elle rejoint la tendance exprimée par les citoyens qui nous ont indiqué que l'essentiel est que la nation ait été préservée et lesquels néanmoins, aspirent au règlement des problèmes de la nation. Il faut des solutions immédiates aux problèmes urgents, désamorcer toutes les bombes. Le document, qui circule dans toutes les wilayas, sera publié intégralement. Lorsque la situation sera assainie politiquement dans notre pays, le PT sera prêt à soumettre l'intégralité de son propre programme à tous les débats dans le respect mutuel.
En attendant, nous soumettons un plan de sauvetage articulé autour de priorités et de décisions concrètes à prendre partant de la nature de la crise que vit notre pays et des dangers.
Doit-on comprendre par là que vous abandonnez votre idée pour la tenue d'un congrès national algérien?
Au contraire. Le PT est socialiste et internationaliste. Il est prêt à discuter de tout. Mais nous pensons plus que jamais qu'il faut résoudre la crise politique prioritairement pour impulser un plan de reconstruction de notre pays. Par la suite, la parole doit être restituée au peuple pour qu'il décide librement des choix et politique qui lui conviennent. Nous voyons les émeutes se multiplier. La solution ne doit pas venir de la répression. C'est d'autant plus grave que le président a reconnu que les plus grands problèmes sont dus au chômage et à l'exclusion de la jeunesse. On ne peut pas diagnostiquer un mal correctement et lui administrer un remède qui ne lui sied pas. Il faut aller vite dans le règlement des problèmes urgents, car même si la menace est différée, elle est loin d'être écartée définitivement.
A propos de règlement des problèmes, que pensez-vous des deux axes principaux contenus dans le programme du gouvernement, à savoir la réconciliation nationale et le pacte social?
La réconciliation a été chargée de trop de choses à la fois. Les problèmes à résoudre ont ainsi été dilués ou à peine évoqués. Il faut donner toute sa place à la question de la paix, l'arrêt de l'effusion de sang. C'est en cela que consiste notre appel au congrès national algérien. Alors que nous nous débattons dans cette crise depuis 12 ans, une deuxième, celle de Kabylie, est venue s'y greffer. Ce congrès aura donc pour devoir de traiter concomitamment de la question fondamentale de l'arrêt de violence, de questions essentielles telles que les disparus, les droits de l'homme et les libertés, que de la question de tamazight, du statut de la femme. Le programme du gouvernement dit qu'il ne faut pas politiser tamazight. Justement, c'est en la décrétant langue officielle qu'elle sera soustraite à cela. Après, la question sera entre les mains des experts qui sauront comment oeuvrer à la promouvoir. Le Code de la famille a été imposé en coup de force par des députés du parti unique sous le règne du parti unique. Il n'y avait rien de religieux là-dedans. Le président a les pouvoirs de saisir le Conseil constitutionnel pour abroger une loi jugée inconstitutionnelle, ce qui est le cas du Code de la famille. Pourquoi ce débat dans lequel sont opposées nos valeurs à l'égalité? Le peuple algérien est musulman. Il ne l'a pas été plus depuis que cette loi nous a été imposée. C'est une mauvaise plaisanterie.
Pour revenir à la réconciliation, il faut dire, comme le reconnaît le président, que la détresse sociale alimente la violence. Les hold-up auxquels nous assistons ne sont pas du terrorisme mais le reflet de la décomposition sociale. Pour garantir la dignité des citoyens, il faut leur donner de vrais emplois avec de vrais salaires, interdire le travail des enfants, garantir des postes aux diplômés en tenant compte de leurs diplômes.
On nous parle aussi d'un pacte social. Une chose est certaine, en démocratie, les syndicats doivent être indépendants. Ils doivent pouvoir utiliser les moyens légaux de la grève et des rassemblements pour exprimer leurs revendications. Interdire le droit de grève, par exemple, relèverait du totalitarisme. En aucun cas, un syndicat ne doit hypothéquer son indépendance. Ce que nous trouvons paradoxal dans ce programme, c'est que d'un côté il y a l'investissement public que nous encourageons même si nous gardons certaines réserves quant à la gestion des fonds, et de l'autre l'encouragement du partenariat avec les étrangers. Cela veut dire qu'une fois que le secteur public sera remis à flot avec l'argent du peuple, il sera cédé aux étrangers. C'est inacceptable. La situation internationale, en relation avec les développements en Irak et les rentrées financières nous permet d'aller vers un programme plus hardi.
Permettez-moi de relever un point important. Vous sous-entendez que pacte social rime avec interdiction de grèves...
Evidemment. Cela est valable partout dans le monde. Un pacte social signifie que le syndicat signe un engagement avec le gouvernement décrétant «une trêve» «pour favoriser la croissance». En termes clairs, c'est l'interdiction de toute contestation sociale. C'est la remise en cause du droit syndical. Une telle démarche serait un coup fatal pour les travailleurs et leurs organisations syndicales. Si le gouvernement veut éviter la colère des travailleurs, c'est-à-dire les grèves, les solutions existent. Il n'a qu'à satisfaire les revendications, ne pas toucher aux droits et acquis. Parce que la grève est l'ultime recours pour les travailleurs. Nous pensons que l'Ugta a eu raison de faire l'étude qui dit qu'il faut un minimum vital de 24.000 dinars à une famille de 7 personnes.
La démarche gouvernementale semble aller à contre-courant de cette vision. Alors qu'on annonce implicitement le dégel de la loi sur les hydrocarbures, la révision du statut de la Fonction publique vient menacer un demi-million de travailleurs...
Nous pensons qu'il est hors de propos de parler de nouveau de la loi sur les hydrocarbures car, et la situation de l'Irak le prouve, c'est une situation d'existence. Dans le même temps, nous nous prononçons contre toute révision du statut de la Fonction publique. Nous trouvons bonne la loi actuelle. Ce sont les réglementations actuelles qui ne la respectent pas. Evidemment, nous comprenons le fait que l'Ugta veuille introduire certaines améliorations. Mais, et c'est déjà le cas, une opération périlleuse. Et nous soutenons sa revendication relative à la permanisation de 320.000 contractuels. Le Zaïre a implosé à cause d'une démarche similaire venue toucher à 40 % des postes de la Fonction publique, et qui avait provoqué la guerre généralisée puis l'effondrement de son Etat. Nous n'avons pas de leçon à recevoir des tortionnaires du peuple irakien et les lois sur le travail ne sont d'ailleurs pas respectées en Irak, ni même aux Etats-Unis.
Vous qui faites souvent référence aux questions internationales, pensez-vous que ce qui se passe en Palestine, en Irak, le GMO, et ce qui attend Cuba et la Syrie, soit une fatalité?
Il y a moyen de contrer cette guerre mondiale qui cible les nations, les travailleurs et les peuples.
Les peuples ont dit leur mot avant et pendant la guerre. Des centaines de millions de manifestants se sont exprimés. Cela continue...
Mais cela ne va pas plus loin...
Il y a quelque chose de fondamental qui vient de se produire. Il s'agit du retrait d'Irak des troupes espagnoles. Cela a fait tâche d'huile. Beaucoup de pays impliqués dans cette guerre se posent de plus en plus de questions sur tous les mensonges qu'on leur a servis, avant les tortures horribles érigées en système et non pas le fait de quelques soldats, comme tentent de le faire croire les responsables US. Cette guerre hideuse est une régression civilisationnelle sans précédent. Début avril, ce sont les Irakiens qui ont amorcé un important virage en venant par milliers à Falloujah y apporter des vivres en disant ni chiites, ni sunnites, ni kurdes, mais simplement Irakiens unis contre l'occupant. Les irakiens sont en train de donner une leçon de courage et de résistance.
De leur côté, les mères des soldats américains demandent le retour de leurs enfants chez eux alors que les syndicalistes américains sont partie prenante d'une campagne internationale avec l'Entente Internationale des Travailleurs (EIT) et la Confédération internationale des syndicats arabes (Cisa) pour le retrait des troupes étrangères d'Irak et pour les droits ouvriers pour les travailleurs irakiens. Et ce n'est pas fini. Le système mondial, basé sur l'hégémonie guerrière US, fait face à une crise sans précédent. Il a créé une situation incontrôlable un peu partout dans le monde. Car la situation actuelle du peuple palestinien est insoutenable. C'est Washington qui soutient le criminel Sharon. Le nazisme israélien massacre le peuple palestinien, mais il est suicidaire aussi pour les populations juives. Les peuples et les travailleurs continuent de s'organiser partout dans le monde. Ils reprennent l'initiative face à ce système en crise et qui constitue un danger pour l'humanité entière. Il est hors de question, pour nous, de discuter de la proposition yéménite d'envoyer des troupes arabes en Irak dans le cadre de la Ligue arabe pour venir en aide aux Américains qui s'enlisent. La menace, à présent, se précise sur la Syrie et sur Cuba, à travers toute une série de mesures dont nous avons pris connaissance. Pour qui a suivi les attentats commis en Syrie, la seule question qui s'impose est : qui a intérêt à ce que la Syrie s'effondre? C'est-à-dire avec qui ce pays a des problèmes? C'est désormais public que les attentats du 11 septembre étaient prévus, mais les autorités américaines ont laissé faire pour en tirer profit. Le gouvernement Aznar aussi avait été prévenu des attentats qui se préparaient sur le territoire espagnol.
Ce système qui provoque l'explosion des nations, n'épargne aucun pays ni aucun peuple. Mais dans le même temps, il est possible de s'en sortir.
Les autorités algériennes doivent méditer cette situation mondiale tellement contradictoire et mouvante pour ouvrir des perspectives positives à la nation en toute souveraineté d'autant que nous sommes inclus dans le Grand Moyen-Orient qui met sous protectorat US tous les pays concernés. Alors il est tant d'opérer un tournant salvateur.


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