Résumé de la 4e partie n Fatma épouse son directeur. Un jour, son mari est affecté à Alger. Elle quitte à regret la petite ville de B. où elle s'est réfugiée, après sa fugue.… A Alger, Athmane est affecté dans une école de banlieue. Fatma est heureuse, puisque cela l'éloigne des quartiers où elle a vécu autrefois. — Tu as peut-être gardé le souvenir de personnes que tu as connues, dit Athmane, tu voudrais peut-être les revoir… — Non, dit-elle, je ne me souviens de personne ! Elle n'a, bien sûr, rien dit de son passé à son époux : elle lui a raconté que durant la guerre son village a été rasé par l'armée coloniale et qu'elle y a perdu presque toute sa famille. Un oncle l'a recueillie à Alger, mais cet oncle et sa femme sont morts à leur tour. Elle a bien des cousins, mais elle a perdu leurs traces, de sorte qu'elle est seule au monde. — Eh bien, dit Athmane, je suis ta famille ! Il va, en effet, tout faire pour lui faire sentir qu'elle n'est pas seule au monde. Il la gâte, comme une mère gâterait son enfant, il ne la contrarie jamais et fera ce qu'elle lui dit de faire. Il a des enfants, mais depuis qu'il s'est remarié, plus personne ne cherche à le voir. C'est donc comme si, lui aussi, n'avait personne d'autre qu'elle. Cependant, la santé de Fatma se détériore. Déjà, avant de quitter la bourgade de B., elle commençait à sentir ses forces décliner : à Alger, elle va découvrir qu'elle souffre de quelques maladies chroniques. Comme Athmane a pris sa retraite, il va s'occuper d'elle. Elle continue à enseigner quelque temps, puis, à son tour, elle prend sa retraite. Le couple doit quitter le logement de fonction qu'il occupait et s'installer dans un appartement que le ministère de l'Education nationale leur octroie. Les gens du quartier vont découvrir ce couple sympathique qui, chaque matin, se rend au marché pour faire ses emplettes. Le mari comme la femme sourient à tout le monde et ont, souvent, des bonbons à offrir aux enfants. Bientôt, on ne les appelle plus que 'ammi Athmane et khalti Fatma et chacun cherche à leur faire plaisir. On les aide à porter leur couffin, on leur fait des courses, on leur jette les ordures. Quant aux voisines, elles les régalent parfois d'un bon plat. «Les pauvres, dit-on, ils n'ont pas d'enfants, ils doivent être malheureux d'être seuls. Il faut s'occuper d'eux !» Mais Fatma et Athmane ne sont pas du tout malheureux et ils commencent à s'habituer à cette vie de retraités. Malgré les maladies qui l'accablent, Fatma s'occupe de son intérieur, toujours propre et agréable. Athmane, lui, s'est fait des amis et ils passent ses après-midi avec eux. Il descend parfois au centre-ville, mais à sa grande surprise, Fatma ne l'y accompagne pas. — Je voudrais qu'on se promène ensemble, qu'on fasse les magasins et qu'on aille au restaurant. «Il y a trop de monde, dit-elle, pour se justifier, j'ai peur qu'on me bouscule et qu'on me fasse tomber.» En fait, elle redoute toujours – plus de trente années plus tard – de rencontrer des gens qui la connaissent… et qui la reconnaissent ! (A suivre...)