Résumé de la 2e partie n Fatma abandonne à l'hôpital, où elle s'est rendue, l'enfant qu'elle vient de mettre au monde. Les années ont passé. Après avoir vécu quelque temps dans la rue, Fatma a quitté Alger pour B., une ville de l'intérieur. Elle va travailler dur avant de se faire une place honorable. Elle débute comme monitrice dans l'éducation – elle a le certificat d'études primaire, un diplôme qu'elle a eu la présence d'esprit d'emporter avec elle, en fuyant sa famille. Elle s'est tellement donnée à fond dans son travail qu'elle est promue institutrice. Elle a d'abord loué une chambre dans une pension, puis elle a acheté un pas-de-porte. Un bien vacant qu'elle a fini par acquérir. Elle n'a jamais oublié son fils et plus d'une fois, au début de son installation à B., elle a voulu le récupérer. Mais pour cela, elle devait dévoiler son identité, reconnaître ce qu'elle a toujours appelé son «crime» et peut-être se retrouver face à face avec sa famille ! Une famille qui ne lui a certainement pas pardonné ce qu'elle a fait ! Et puis, le petit a été sans doute adopté, peut-être même qu'il mène une vie heureuse ! Alors pourquoi chercher à rattraper le passé ? Les années ont passé et Fatma, que tout le monde appelle «l'institutrice», a pris de l'âge. Son célibat a étonné plus d'un, au début, puis les gens ont fini par l'accepter ! Après tout, c'est une femme honnête, elle n'a jamais fait de mal ni causé de troubles… Elle s'achemine tranquillement vers la retraite, quand son directeur, perd son épouse. Elle compatit à son malheur et, pour lui apporter quelque consolation, elle va parfois discuter avec lui, dans son bureau. Le directeur, Athmane, prend goût à ces discussions, et quand Fatma ne se rend pas au bureau, il la convoque, en invoquant un prétexte quelconque. Ils parlent en général des élèves et des problèmes de l'éducation, mais parfois, Athmane parle de lui, de sa vie qui s'annonce plutôt morose. «Mes enfants sont tous mariés. Je me retrouve donc seul et je ne sais pas si je pourrais tenir longtemps !» Elle lui donne des conseils, lui remonte le moral. Un jour, alors qu'il se plaint de la solitude, elle lui dit. — Tu devrais te remarier ! — Tu crois ? demande-t-il en la regardant attentivement. — Oui, dit-elle naïvement, tu te sentiras moins seul. Il hésite un moment, puis dit. — Et si je demande ta main, accepterais-tu ? Elle se rejette vivement en arrière. — Moi ? Mais tu n'es pas sérieux ! — Pourquoi ? dit-il. Tu es une brave fille. Tu n'as pas de famille et tu vis seule, toi aussi… alors, nous unirons nos solitudes ! — Non, non, dit Fatma, ce n'est pas possible ! Athmane insiste, elle refuse. — S'il te plaît, lui dit-elle, ne me parle plus de cela, autrement, je ne reviendrai plus dans ce bureau ! Le directeur est déçu par cette réaction, mais il acquiesce : il ne veut pas perdre la compagnie et l'estime de son institutrice. (A suivre...)