Rencontre n La réunion régionale africaine préparatoire à la dixième session de la Conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (Unccd) s'est ouverte jeudi à Alger. Le constat, catastrophique en dépit des efforts déployés jusque-là, a été vite établi, avec en toile de fond la famine qui frappe toujours de plein fouet et depuis plusieurs mois la Somalie. Le continent noir demeure le seul espace mondial qui fait face à la menace permanente de la désertification de son sol. Un phénomène naturel qui balaye toute forme de vie sur son passage, créant des crises humanitaires intenables. Il «menace aujourd'hui deux milliards d'êtres humains», a déclaré le Dr Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, à l'ouverture de cette réunion devant un panel composé du président du Groupe africain de l'Unccd, des représentants des institutions des Nations unies en Algérie, de l'Union africaine et des communautés économiques sous-régionales africaines et plusieurs personnalités africaines et diplomatiques. «La désertification, la dégradation des terres et la sécheresse prolongée touchent en Afrique 43% des terres productives, ce qui représente 70% de l'activité économique et concerne 40% de la population du continent», a ajouté le ministre lors de cette rencontre placée sous le signe de la solidarité et de la volonté de protéger les ressources nationales du continent considéré comme la région la plus fragile. L'objectif à long terme est de «préserver la sécurité alimentaire des populations qui y vivent et d'assurer leur droit à la vie», a-t-il estimé. «Pour les Africains que nous sommes, ce combat procède de l'esprit du Nepad qui veut que notre continent relève les défis qui lui sont lancés en recourant à son propre génie, en misant avant tout sur ses potentialités», a indiqué M. Benaïssa, qui estime que ce problème «reste très peu traité et bénéficie d'une attention et d'une mobilisation internationales largement insuffisantes». Pour le Dr Benaïssa, «il n'y a pas de territoires sans avenir et il n'y a que des territoires sans projets». Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de l'Unccd estime, pour sa part, que «l'Afrique reste le seul continent où la sécheresse entraîne encore famine et mort de populations. Ce fléau ne devrait plus provoquer autant de tragédies. La lutte contre la désertification et l'atténuation des effets de la sécheresse constituent la condition sine qua non pour s'attaquer aux racines de ce mal», avant d'ajouter : «Près de 450 millions d'hectares de terres africaines dégradées ou affectées par la déforestation pourraient retrouver leur fertilité et ainsi redevenir propices à l'agriculture. En Afrique, plus de 650 millions de personnes vivent de l'agriculture pluviale, et ce, dans un environnement marqué par la raréfaction des ressources en eau et la baisse de productivité des sols». A signaler que la réunion de jeudi est un prélude à la Conférence des Parties (Cop) qui aura lieu en République de Corée du Sud du 10 au 21 octobre prochain.