Chiffres n 948 affaires liées à la corruption ont été tranchées par les tribunaux en 2010, a indiqué le directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice. Les détournements de deniers publics constituent les crimes de corruption les plus répandus avec 475 affaires pour la même année, suivis de l'abus de fonction avec 107 affaires, la corruption de fonctionnaires avec 95 affaires et l'octroi de privilèges injustifiés dans les marchés publics avec 79 affaires, a révélé Mokhtar Lakhdari, jeudi dernier. Selon les statistiques pénales, les collectivités locales viennent en tête des secteurs touchés par les affaires liées à la corruption (146 affaires), suivies par les secteurs de la poste (133) et des banques (78). Intervenant lors d'une journée d'information sur le rôle de la société civile dans la lutte contre la corruption, M. Lakhdari a indiqué que les statistiques pénales «révèlent une propagation du phénomène de corruption en Algérie et aident à en définir les causes», tout en soulignant que les statistiques «ne reflètent pas la véritable ampleur du phénomène de corruption».Par ailleurs, M. Lakhdari a évoqué les aspects «cachés» de la corruption qui se traduisent généralement par une richesse excessive, la dilapidation de deniers publics, la mauvaise réalisation des projets publics, le clientélisme et l'opacité en matière de prestations administratives. Pour l'orateur, «l'ouverture économique et l'absence de mécanismes de contrôle ont favorisé l'émergence de nouvelles formes de corruption». Plus explicite, le magistrat a évoqué les spéculations sur les marchandises importées, les affaires liées au commerce extérieur et aux banques, à l'utilisation de faux registres du commerce, de transfert illégal de devises et de blanchiment d'argent. L'absence d'une base de données sur le patrimoine des personnes rend difficile la lutte contre la corruption, a estimé le directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice. «A chaque affaire judiciaire liée à la corruption, la justice est confrontée à l'absence de données permettant de remonter aux sources des biens des personnes inculpées», a souligné M. Lakhdari. Il a expliqué que pour enquêter sur une affaire de corruption, la justice est contrainte de faire un travail à tous les niveaux, notamment les banques et les conservateurs fonciers. Interrogé, par ailleurs, sur les dénonciations anonymes relatives à la corruption, M. Lakhdari a répondu que toutes les dénonciations «sont prises au sérieux», mais que le parquet est «prudent» et travaille sur la base de preuves tangibles. L'Algérie a mis en place des mécanismes pour parfaire sa traque de la corruption, notamment par la formation à l'étranger de magistrats spécialisés, a, pour sa part, affirmé le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, en marge d'une séance plénière de l'Assemblée populaire. Il a appelé la société civile à «participer à la lutte contre la corruption sous toutes ses formes». Synthèse A. B.