Crainte - L'ex-dirigeant libyen en fuite Mouammar Kadhafi planifie de reprendre le pouvoir grâce à l'aide des Touareg, a affirmé , hier, le chef de l'exécutif provisoire Mahmoud Jibril. «Je crois fermement qu'il (Kadhafi) tente de revenir au pouvoir avec l'aide des tribus Touareg dans le nord du Niger, le sud de la Libye et le sud de l'Algérie et du Mali», a affirmé M. Jibril, qui dirige le bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT). «Je pense qu'il se prépare vraiment à ça», a-t-il ajouté dans un entretien au quotidien à capitaux saoudiens Asharq al Awsat. Selon lui, le colonel Kadhafi a deux options, soit «déstabiliser le nouveau régime en Libye, soit proclamer un Etat séparatiste dans le sud qu'il nommera ce qu'il voudra : 'les Touareg', le 'Sud', 'la Grande Afrique", a poursuivi le numéro deux du CNT. «Je ne pense pas qu'il puisse se calmer avant de faire quelque chose, car la vengeance l'habite et il n'accepte pas la défaite. Il fera l'impossible pour détruire tout nouveau système en Libye», a assuré M. Jibril. D'après lui, l'ex-leader se déplace en permanence entre le sud libyen, le nord du Niger et l'Algérie et que son entourage a recruté entre 10 000 et 15 000 hommes de la région du Darfour (Soudan) et des Al-Rachayda - une importante tribu du Soudan - pour combattre auprès de lui. «Kadhafi tente d'amener tous ceux-là au sud libyen, au nord du Niger ou au sud de l'Algérie pour proclamer cet Etat ou du moins pour tenter de se diriger vers le nord», a poursuivi M. Jibril. L'ex-leader n'a plus été revu en public depuis la prise par les (ex)rebelles de sa résidence de Bab al-Aziziya à Tripoli le 23 août. En outre, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a promis hier le soutien de son pays aux autorités libyennes qui disent craindre que Mouammar Kadhafi reprenne le pouvoir grâce aux Touareg du Sud désertique. Cette visite, la première d'un responsable américain de ce rang en Libye depuis 2008, intervient au moment où des combats féroces font rage à Syrte, dernier bastion du régime déchu au lendemain de la chute de Bani Walid. Alors qu'on lui demandait si les Etats-Unis coopéreraient avec des islamistes, Mme Clinton a indiqué que Washington «soutiendrait un processus de démocratisation qui respecte la loi, (...) le droit des minorités et des femmes» et qui autorise une presse libre. «La chose la plus importante à faire maintenant est de s'assurer que Kadhafi et son régime ne puissent plus perturber la nouvelle Libye», a-t-elle déclaré. «Nous espérons qu'il sera capturé ou tué bientôt, ainsi vous n'aurez plus à avoir peur de lui et vous pourrez aller de l'avant», a-t-elle souligné, en écho aux inquiétudes exprimées par le «Premier ministre» libyen. A Syrte (360 km à l'est de Tripoli), dont le CNT attend la chute pour proclamer la «libération totale» de la Libye, les combats ont redoublé d'intensité hier autour des deux quartiers toujours aux mains des pro-Kadhafi.