Score Le président sud-africain Thabo Mbeki s'apprête, ce mercredi, à une réélection triomphale, le laissant pour cinq ans de plus face à des immenses défis. Pauvreté, chômage et sida, autant de fléaux contre lesquels nombre de Sud-Africains attendent de le voir passer à la vitesse supérieure. La victoire de Thabo Mbeki semble assurée alors que le score du Congrès national africain (ANC), selon les prédictions, devait dépasser ceux de 1994 et 1999, renforçant apparemment la position du chef de l'Etat. Or Mbeki n'a promis «ni politiques ni initiatives nouvelles», seulement «l'application vigoureuse des politiques existantes». «48% de la population vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 530 rands (84 dollars/69 euros) par mois», rappelle l'économiste Sampie Terreblanche, auteur en 2003 d'une colossale Histoire de l'inégalité en Afrique du Sud, un brûlot pour le bilan social de l'ANC. «Dans les dix dernières années, la pauvreté s'est accrue et le chômage a augmenté», martèle Terreblanche, professeur à l'Université de Stellenbosch, rappelant qu'en 1994, officiellement la fin de l'apartheid, le chômage était de 30%. Selon la définition utilisée, il atteint aujourd'hui 31 à 41%. Terreblanche, à contre-courant, appelle à une «intervention agressive» de l'Etat «pour réintégrer dans l'économie 22 millions de Noirs laissés sur le bas-côté depuis 10 ans, alors qu'une petite partie d'environ 10 millions goûtait aux dividendes de la libération et que les riches devenaient superriches». L'ANC en campagne a promis un million d'emplois sur cinq ans, notamment via un énorme programme de travaux publics, la réduction de 50% de la pauvreté d'ici à 2014. «Oui, l'Etat facilitera la création d'emploi par des actions publiques, mais que personne n'attende un virage interventionniste.» «Nous ne voulons pas une situation où le gouvernement fourre son nez là où il n'est pas requis», a mis en garde récemment Mme Sankie Mthembi-Mahanyele, ex-ministre du Logement aujourd'hui secrétaire générale adjointe, figure montante de l'ANC. «Certains pays d'Asie ont connu des problèmes il y a quelques années à cause d'une interférence excessive.» Le monde économique reconnaît à Mbeki d'avoir consolidé l'image mondiale de l'Afrique du Sud et assis son économie, via une austérité budgétaire, une réduction de l'endettement et du déficit public, sur fond de rand (devise nationale) raffermi.