Pas de surprises dans les élections sud-africaines remportées par l'ANC de Jacob Zuma, désormais assuré d'être le prochain président d'un pays où le chômage atteint les 40% et où 43% de la population vit avec moins de deux dollars par jour. C'est dire que sa tâche s'annonce des plus ardues. Les Sud-Africains ont renouvelé leur confiance à l'ANC, malgré les énormes difficultés économiques auxquelles fait face le pays. En effet, le taux de participation avoisinait les 80% malgré le quotidien difficile des Sud-Africains, dont près de la moitié est, au chômage (40%), sans oublier la pauvreté. Jacob Zuma est le grand gagnant de ce scrutin, qui lui ouvre les portes de la présidence. Il devrait être élu président de la République le 6 mai par les députés de sa majorité pour un mandat de cinq ans. Il succédera à Kgalema Motlanthe, l'un de ses alliés qui assurait une sorte d'intérim à la présidence depuis le départ forcé de Thabo Mbeki en septembre 2008. Zuma deviendra donc le quatrième chef de l'Etat d'Afrique du Sud post-apartheid. Il devra répondre aux attentes des pauvres, qui ont misé sur lui, mais qui se retourneront contre lui s'il échoue à répondre à leurs espoirs. D'ailleurs, Nelson Mandela, l'ex-président de l'Afrique du Sud avait rappelé, lors du dernier meeting électoral du Congrès national africain, que la priorité devait être “d'éradiquer la pauvreté”, après sa victoire annoncée aux élections générales. “Alors que nous nous efforçons d'assurer une victoire décisive pour notre organisation lors des prochaines élections, nous devons nous rappeler que notre première tâche est d'éradiquer la pauvreté et d'assurer une meilleure vie à tous”, avait-il averti. Ainsi, la tâche de Jacob Zuma sera des plus dures, tant il sera difficile de venir à bout du chômage et de la pauvreté, au moment où le pays s'apprête à entrer dans la récession pour la première fois depuis dix-sept ans. L'ancien mouvement de lutte contre l'apartheid, au pouvoir depuis l'avènement de la démocratie en 1994, a recueilli deux tiers des suffrages aux législatives de mercredi, selon un décompte partiel communiqué à 08h30 GMT. L'Alliance démocratique (DA), issue de l'ex-opposition blanche au système raciste, disposait pour sa part de près de 16% des voix et semblait en mesure d'emporter - pour la première fois - la province du Western Cape (sud-ouest). Le Congrès du Peuple (Cope), formé en décembre par des dissidents de l'ANC après des mois de luttes intestines et la démission forcée de l'ex-président Thabo Mbeki, suivait avec à peine 8%. Ces chiffres ne portent que sur 60% des suffrages, mais l'ANC a déjà commencé à fêter sa victoire. La presse locale saluait hier à l'unanimité le “raz-de-marée” ANC. Le parti a “confirmé l'ampleur de son soutien malgré de nombreux défis de la campagne”, soulignait notamment le quotidien The Times. “Jacob Zuma et l'ANC ont mené une campagne brillante et réussi à faire passer les élections de 2009 pour un duel entre les riches noirs et blancs d'un côté, et la grande majorité des pauvres noirs de l'autre”, analysait l'hebdomadaire Mail and Guardian. Zuma, orphelin de père et fils d'une femme de ménage, “a fait en sorte de s'identifier à la marginalisation des pauvres”, poursuivait le journal. “S'il n'est pas encore effrayé par l'ampleur du chômage, de la pauvreté et de la criminalité, ni par les faiblesses des systèmes d'éducation et de santé, il le sera bientôt”, avertit son éditorialiste. Merzak T./Agences