Résumé de la 4e partie - Le fidèle Jean décide de sauver son maître, même au risque de sa vie... Ce fut un tollé parmi les autres serviteurs du roi qui n'aimaient pas beaucoup le fidèle Jean : «Quelle honte de tuer un si bel animal au moment où le roi allait le monter pour aller au château !» Mais le roi les fit taire en leur criant : «Taisez-vous, vous autres. Il sait ce qu'il fait et pourquoi il le fait : c'est mon fidèle Jean.» Quand on fut arrivé au château, il y avait, dans la grande salle, exposée sur un grand plat en or, la fausse chemise nuptiale qui les attendait ; elle semblait, en vérité, tissée d'or pur et d'argent. Le jeune roi s'avança pour la prendre, mais le fidèle Jean l'écarta vivement, saisit la chemise avec des gants et la jeta en toute hâte dans le feu où il la regarda brûler. Dès qu'ils furent revenus de leur stupeur, les autres serviteurs recommencèrent à murmurer et disaient : «Voilà à présent qu'il brûle la chemise nuptiale du roi !» Mais le roi les fit taire encore une fois en leur disant : «Sait-on pourquoi il a fait cela ? Laissez-le : c'est mon fidèle Jean.» Enfin on célébra les noces, puis le bal commença et la jeune mariée s'apprêta à entrer dans la danse. Le fidèle Jean la surveillait avec attention, ne quittant pas des yeux son visage et, quand il la vit pâlir subitement et tomber à terre comme morte, il s'élança en hâte, la souleva et l'emporta dans une chambre où il la coucha ; s'agenouilla près d'elle et suça de son sein droit trois gouttes de sang qu'il recracha aussitôt. Immédiatement, la jeune reine se remit à respirer et reprit connaissance ; mais le roi avait tout vu et, ne pouvant comprendre pourquoi le fidèle Jean avait agi ainsi, il fut saisi d'une terrible colère et s'écria : «Qu'on le jette en prison !» Jugé le lendemain matin, le fidèle Jean fut déclaré coupable et aussitôt conduit au gibet. De là-haut, sur le point d'être exécuté, il demanda : «Tout homme qui doit mourir a le droit de parler une dernière fois avant sa fin», dit-il. «Ce droit, est-ce qu'il m'est donné, à moi aussi ?» «Oui», répondit le roi, «il t'est accordé.» «C'est à tort que je suis condamné et je n'ai pas cessé de t'être fidèle», déclara-t-il, et il raconta comment il avait entendu ce que disaient entre eux les corbeaux pendant la traversée et comment, pour sauver son maître, il avait dû faire tout ce qu'il avait fait. «0 fidèle Jean !» s'exclama le roi, «grâce ! grâce ! Faites-le redescendre !» Mais dès sa dernière parole, le fidèle Jean était tombé sans vie, devenu pierre. Ce fut une grande douleur pour le roi et la reine et le roi ne savait plus que soupirer amèrement : «Voilà comment j'ai récompensé une si grande fidélité !» et il ordonna que la statue de pierre fût portée dans sa chambre et placée près de son lit. Ses yeux se remplissaient de larmes chaque fois qu'il la regardait. «Hélas !, disait-il, que ne puis-je te rendre la vie, ô mon fidèle Jean !» (A suivre...)