Célébration - La Libye a fêté, hier, samedi, son indépendance pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir en 1969 de Mouammar Kadhafi. La date de l'indépendance libyenne avait été effacée du calendrier officiel pendant environ 42 ans du régime Kadhafi, qui ne célébrait que l'anniversaire du coup d'Etat ayant porté le colonel au pouvoir, le 1er septembre 1969. Le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a de nouveau appelé à l'unité et à la réconciliation à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance, proclamée le 24 décembre 1951 par le roi Idriss à Benghazi (est). Benghazi, deuxième ville du pays à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, est devenue en février le berceau de la révolte contre le régime du colonel Kadhafi. «Tout le monde nous attend au tournant», a déclaré M. Abdeljalil devant des membres du gouvernement et des personnalités libyennes, en appelant ses compatriotes à s'écarter de «la rancœur et de la vengeance et à œuvrer main dans la main pour construire un pays uni». «Le pardon doit marquer la relation future entre les Libyens... La Libye de l'avenir doit se construire sur le principe de l'égalité, pas du régionalisme», a-t-il encore ajouté. Le Premier ministre, Abdel Rahim al-Kib, a appelé à «faire passer les intérêts locaux après l'intérêt national». Hier samedi, les vendeurs de drapeaux, d'écharpes et colifichets aux couleurs du nouveau drapeau libyen étaient plus nombreux qu'à l'accoutumée sur la place des Martyrs à Tripoli, pour répondre à l'affluence attendue en soirée. Noir, rouge et vert avec une étoile et un croissant blancs, le drapeau de la monarchie libyenne (1951-1969) s'est imposé dès les premiers jours de la révolte comme un symbole de l'insurrection et a désormais officiellement remplacé la bannière verte du régime Kadhafi. Cependant, les nouvelles autorités libyennes font face à de nombreux défis, dont celui de la réconciliation après une guerre civile de plusieurs mois qui a laissé la sécurité aux mains de diverses milices, dont certaines sont lourdement armées. Parallèlement aux festivités de l'indépendance de la Libye, des manifestants à Benghazi (est) et Tripoli réclament avec insistance depuis plusieurs jours que les responsables sous l'ancien régime soient écartés de la vie politique. Les protestataires demandent également aux nouvelles autorités que la liberté d'expression soit garantie, que les responsables de l'ancien régime et les «opportunistes» soient écartés, que les autorités agissent dans la transparence et que les jeunes soient plus impliqués dans la vie politique. Les manifestants réclament l'exclusion des personnes associées à l'ancien régime. C'est dans ce contexte que le ministre de l'Economie Tahar Charkass, qui occupait un poste officiel sous Mouammar Kadhafi, a présenté sa démission, a indiqué hier samedi le Premier ministre Abdel Rahim al-Kib. «Oui, il a démissionné», a affirmé M. al-Kib à des journalistes, en évoquant des raisons de santé.