Rendez-vous - Le coup d'envoi du cycle consacré aux cinéastes algériens formés dans les écoles de cinéma belges a été donné, hier, à la cinémathèque d'Alger. Le premier volet de ce cycle qui se poursuit jusqu'au 30 décembre, concerne une rétrospective de la filmographie du cinéaste Brahim Tsaki. Sa filmographie est souvent éclectique et liée à l'enfance dans un contexte socio-critique donné de notre époque. Elle est riche mais très peu vue ou encore mal connue du grand public, d'où d'ailleurs l'objectif de ce panorama. Ses films – même s'ils ne sont pas nombreux – se démarquent également par «une certaine aura dans la qualité des images, un univers vaporeux bien mystérieux, une distanciation voulue dans le regard des personnages sans pour autant s'éloigner des préoccupations du moment». C'est particulièrement cela qui fait l'universalité de son œuvre que les organisateurs de cette rétrospective proposent au public à découvrir ou à redécouvrir. Gare de triage, un court métrage de 16 minutes, son tout premier film réalisé en 1975, a ouvert la rétrospective. Ce film, tourné en noir et blanc et en 16 mm, s'organise comme un réquisitoire contre «les critères de sélection implacables qui, en milieu scolaire, destinent les enfants d'ouvriers à le devenir eux-mêmes avant de finir leur vie dans un asile ou un hôpital». Notons que ce film, à l'époque d'amateur, se révèle aujourd'hui une référence cinématographique tant la réalisation s'impose techniquement et artistiquement. Les acteurs pourtant non professionnels mais naturels, sincères, généreux, pleins de reliefs et de grande personnalité, des dialogues percutants et des plans somptueux ont donné à ce travail d'étudiant toute la mesure du cinéaste en devenir. Notons que d'autres œuvres du même réalisateur dont les longs métrages Les enfants du vent (1980), son premier long métrage, et probablement son œuvre majeure ; Histoire d'une rencontre (1983), un autre film qui a consolidé sa réputation ; Les enfants des néons, (1990), ce film caractérise, on ne peut mieux, les préoccupations de ce cinéaste et Ayriwen (2007), son tout dernier réalisé dans la même lignée que se premiers, seront projetés quotidiennement jusqu'à vendredi prochain. Tous ces films – vision, style, thématique, imaginaire et langage – de Brahim Tsaki ont été salués et par le public et par la critique et ce, pour leur sensibilité et leur originalité. Par ailleurs, des ateliers de formation à l'écriture de scénario et au montage vidéo sont organisés à la villa Abdellatif, encadrés respectivement par Brahim Tsaki et son fils Habib, également cinéaste. Ces ateliers s'inscrivent dans la continuité de la pédagogie artistique et au principe de transmission d'expérience entre générations auxquelles s'attache Brahim Tsaki. Le cycle des cinéastes algériens formés en Belgique (organisé conjointement par l'Agence algérienne de rayonnement culturel - Aarc -, la Cinémathèque algérienne, le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel - Cnca -, l'association artistique du cinéma Lumières en partenariat avec la délégation Wallonie-Bruxelles de l'ambassade de Belgique), est itinérant. Il sera en tournée, pour 2012, à Sidi Bel Abbes (du 5 au 9 janvier) et à Oran (du 5 au 9 février) et aussi dans les villes algériennes dotées d'une cinémathèque. Ce cycle sera consacré à d'autres cinéastes algériens formés à l'école belge, tels que Belkacem Hadjadj, Kamel Dehane et Mohamed Bensalah.