A la découverte d'un cinéaste aussi talentueux que discret et de son œuvre sensible. Dans le cinéma national, Brahim Tsaki occupe une place particulière, marquée par trois éléments. Le premier relève de sa thématique, fortement attachée à l'univers des enfants ou des handicapés, en fait de toutes les personnes en état de fragilité devant le cours de la vie et de l'histoire. Le deuxième est lié à sa vision qui peut être assimilée à une vision intimiste mais qui, sans en dire un mot, sait parler hors-champ du contexte global. Le troisième enfin est celui d'une indéniable poésie cinématographique apportant de la sensibilité sans sombrer dans la sensiblerie. Ce triptyque exprime bien au fond la personnalité du réalisateur, humble, délicat, en constante attention envers les autres et l'environnement. C'est donc une belle occasion, rare même, que nous offre le cycle qui lui sera prochainement consacré à la Cinémathèque d'Alger pour permettre à ses admirateurs de revoir ses films et aux jeunes cinéphiles de découvrir une œuvre magnifique de simplicité et d'expressivité. Organisé par l'AARC (Agence algérienne pour le rayonnement culturel), sous la houlette commune du ministère de la Culture et de la Délégation Wallonie-Bruxelles à Alger, ce cycle s'inscrit dans un autre qui sera consacré progressivement aux réalisateurs algériens formés dans les écoles de cinéma en Belgique. Les plus réputées de ce pays, et notamment l'INSAS (Institut national supérieur des arts du spectacle) et l'IAD (Institut des arts de la diffusion), ont accueilli au fil des ans, plusieurs futurs cinéastes algériens, parmi lesquels on peut citer le réalisateur et producteur Belkacem Hadjadj ou le documentariste Chergui Kherroubi qui a fait carrière à la RTBF. La manifestation initiale consacrée à Brahim Tsaki, du 26 au 30 décembre, proposera cinq films du réalisateur : Gare de triage ; Les Enfants du vent ; Histoire d'une rencontre ; Les Enfants des néons et enfin, Ayriwen. Brahim Tsaki sera présent à toutes les projections pour discuter avec le public. Beaucoup seront étonnés d'apprendre comment, avec des moyens généralement limités, ce réalisateur, aussi talentueux que discret, a pu glaner de récompenses. Premier prix au festival de Lille et au festival de Ouagadougou en 1976 pour La Boîte dans le désert ; Premier Prix au festival de Carthage en 1978 pour Œufs cuits ; Prix de la critique au festival de Locarno en 1980 pour Les Enfants du vent ; Premier Prix pour la seconde fois au festival d'Ouagadougou, Sabre de bronze au festival de Damas et Prix de la critique au festival de Venise en 1981 pour Histoire d'une rencontre ; sélection au festival de Cannes dans la section Perspectives en 1990 pour Les Enfants des néons et, enfin, Prix de la photographie au festival du film arabe d'Oran en 2010 pour le long métrage Ayriwen. En marge des projections, deux ateliers seront animés par Brahim Tsaki (scénario) et son fils, Habib (montage vidéo), qui se fait progressivement un prénom. Les inscriptions sont closes, mais les projections sont ouvertes. Ne pas rater.