Déjà mis en examen pour le meurtre de Patricia Leclercq, retrouvée assassinée le 8 juillet 2002 à Ville-sur-Ancre (Somme, France), cet homme de 37 ans a été placé en garde à vue dans le cadre des investigations sur la mort de Christelle Dubuisson. Le corps de cette jeune fille de 18 ans avait été découvert sur un petit chemin de Villers-Bretonneux, toujours dans la Somme, le 21 août suivant. Lardée de coups de couteau, la dépouille de l'adolescente était grossièrement dissimulée sous une fourgonnette volée. Selon l'enquête de gendarmerie, le véhicule utilitaire estampillé «France Rabotage» sous lequel elle se trouvait avait été dérobé dans la soirée du 20 août, quelques heures avant le supplice de Christelle. Ce soir-là, un témoin capital, installé en face du dépôt de Bucquoy, où était stationné le fourgon, a aperçu un homme qu'il pense être le voleur. Dès le début de l'affaire, les enquêteurs ont qualifié cette déposition de «primordiale», tout en soulignant qu'elle était «sans doute l'une des plus sûres» en leur possession. Le témoin, un agriculteur, avait alors expliqué avoir vu passer devant chez lui un homme casqué et juché sur une vieille mobylette. Alors qu'il faisait nuit, l'inconnu roulait tous feux éteints, et était vêtu d'un blouson clair. Peu de temps après avoir vu le deux-roues pénétrer dans le parking, le voisin avait entendu un fourgon démarrer et quitter les lieux. La vieille mobylette du voleur présumé et sa tenue vestimentaire sont deux indices d'importance. Lorsque Jean-Paul Leconte a été arrêté, le 27 novembre 2002, pour le meurtre de Patricia Leclercq, ces deux éléments d'enquête sont revenus à la mémoire des gendarmes qui ont mené la perquisition au domicile du suspect. Dans la maison de Méaulte où il vivait avec sa grand-mère, ils ont saisi une matraque, des revues pornos, mais aussi un vieux deux-roues et un blouson clair. Concernant sa mobylette, le suspect avait spontanément expliqué aux militaires qu'il ne s'en servait plus depuis longtemps. Mais une expertise, notamment basée sur «le graissage» de la chaîne, a, depuis, fait apparaître que, malgré son ancienneté, le véhicule était régulièrement utilisé. Dans l'affaire Leclercq, malgré la découverte de son ADN sur la culotte de la victime, Leconte nie formellement les faits. Il avait fait de même en 1989, lorsqu'il avait été arrêté pour une série de viols. Malgré des éléments accablants, il avait rejeté toute responsabilité jusqu'à son procès devant la cour d'assises, où il avait avoué, avant d'être condamné à dix-sept ans de réclusion criminelle. Hier matin, les gendarmes sont retournés dans la maison de Méaulte, dans laquelle vit toujours sa grand-mère, mais cette fois pour mener des recherches dans le cadre de l'enquête sur la mort de Christelle Dubuisson. Il était toujours entendu sur ce meurtre en fin d'après-midi.