Accident - Les deux enfants grelottent de froid. Mais alors que Andreï ne parvient pas à parler, Grégory, lui, reste conscient.. Village de Pokrovskoïe, près de Tobolsk, en Sibérie occidentale, dans les années 1870. Des enfants, qui venaient des champs, arrivent, essoufflés, au village. — Iefim Iakovlevitch ! Iefim Iakovlevitch ! On tambourine à une porte, mais c'est une femme qui apparaît. — Qu'y a-t-il, les enfants ? — Vassilievna Parchoukova, les enfants… La femme s'effraye. — Quoi, les enfants ? — Grégory et Andreï… — Que leur est-il arrivé ? — Ils sont tombés dans la mare. — Mon Dieu, appelez vite lefim… Vous le trouverez au bistrot. Elle met son châle et, aussi vite que ses jambes peuvent la porter, elle arrive à la mare. Des enfants entourent deux d'entre eux. Ils sont mouillés et grelottent de froid. — Grégory… Andreï… Elle est presque aussitôt rejointe par un homme, petit de taille mais à la forte carrure. C'est le père des deux garçons qui viennent de tomber dans la mare. — Que se passe-t-il ? s'écrie-t-il L'aîné des enfants se met à pleurnicher. — Nous avons glissé… — Et vous aviez besoin de glisser tous les deux ? crie le père, de sa voix de stentor. — C'est moi qui ai glissé, dit Andreï, Grégory s'est jeté dans l'eau pour me sauver… Iefim se calme. — C'est vrai que tu t'es jeté dans l'eau pour sauver ton frère ? — Oui, dit Grégory. — Et tu n'as pas eu peur de te noyer ? — Non ! L'homme sourit. — Je suis content de toi, mon garçon ! Mais Andreï, apparemment moins résistant que son frère, s'écroule. — Vite, il faut les emmener à la maison… On les emporte. On leur change de vêtements et on les met au lit. Les deux enfants reposent côte à côte. Mais alors que Andreï est vraiment mal en point et ne parvient pas à parler, Grégory, lui, reste conscient. — Il faut faire venir le médecin. On court chercher le médecin du village. Il examine les deux garçons et conclut : «Ils ont attrapé une pneumonie… Donnez-leur du bouillon et des tisanes chaudes. C'étaient les seuls remèdes qu'un médecin de campagne pouvait prescrire, à l'époque pour combattre cette maladie alors, il ne faut pas s'étonner du taux de mortalité, notamment parmi les personnes âgées et les enfants. (A suivre...)